Après avoir fait durer le suspense, Mario Monti a décidé de continuer la politique auprès des Centristes. Le Chef du gouvernement doit pourtant s'effacer s'il ne veut pas subir l'impopularité de ses mesures d'austérité.

Super Mario peut-il gagner la partie ?
Dans la lignée de ce qu'envisageait LePetitJournal.com de Rome en octobre dernier, les Centristes ont choisi Mario Monti le 27 décembre 2012 pour les aider à remporter les élections des 24 et 25 février. "J'accepte d'assumer le rôle de chef de coalition et je m'engagerai pour garantir le succès de cette opération", a déclaré le Président du Conseil démissionnaire, lors d'une conférence de presse organisée à la dernière minute. L'ancien commissaire européen aurait donc pris goût à la bataille politique alors qu'il se déclarait jusque-là au-dessus des partis.

A 69 ans, Mario Monti ne peut être directement candidat car il est sénateur à vie depuis 2011. Il entend néanmoins peser sur les futures négociations gouvernementales en associant son nom à la coalition "Avec Monti pour l'Italie". Plusieurs listes de candidats le soutiennent donc dans les circonscriptions électorales prévues par la Constitution – au nombre de 26 pour la Chambre des députés et de 20 pour le Sénat. In fine, si le Centre obtient la majorité, il s'engage à élire Monti Président du Conseil.

Le retour d'une grande formation centriste est cependant compliqué car elle manque d'unité idéologique. Des listes uniques ne sont d'ailleurs prévues que pour les sénatoriales. A l'inverse, plusieurs partis se réclament de la coalition mais s'engagent séparément dans la course à la députation. Rocco Buttiglione et Pier Ferdinando Casini, figures de l'Udc, doivent notamment composer avec les déçus du "berlusconisme". Le Fli de Gianfranco Fini défend ainsi les couleurs de Monti tout comme Franco Frattini, qui a abandonné le Pdl pour se présenter au Sénat. Le Parti libéral, quelques anciens du Pd et des personnalités de la société civile complètent cette alliance menacée par la cacophonie.

Un verre à moitié vide, à moitié plein
Forts de leur leader, les Centristes rêvent de ressusciter la Démocratie chrétienne et d'apporter une réelle alternative entre la Droite et la Gauche. Les scandales de corruption avaient fortement éclaboussé la formation en 1991, mettant fin à 40 ans de suprématie. Le Vatican a même apporté son onction au mouvement bien que ses avantages fiscaux aient été mis à mal par le gouvernement. "On ne peut pas envoyer au rebut les sacrifices déjà consentis", a confié le cardinal Angelo Bagnasco, pour qui la méthode Monti est "profondément innovante".

Egalement pressenti pour remplacer Giorgio Napolitano, dont le mandat de Président de la République s'achève en avril prochain, Mario Monti se targue d'avoir restauré la crédibilité internationale de l'Italie. Si le pays était présenté comme une Grèce en devenir, le risque qu'il soit en défaut de paiements semble désormais écarté."J'espère que les politiques mises en œuvre par Monti se poursuivront après les élections. Il n'y a pas d'alternative à ce qu'il a fait", déclarait en décembre dernier Herman Van Rompuy, Président du Conseil européen.

L'action gouvernementale de Mario Monti a certes empêché une catastrophe budgétaire mais elle ne s'est pas faite sans heurts. Ayant imposé le technocrate en novembre 2011, Bruxelles est désormais considérée comme responsable de la récession dans laquelle s'enfonce la Péninsule. Les souffrances quotidiennes des Italiens alimentent alors un "eurosceptisme" grandissant. En défendant les institutions communautaires, les Centristes s'aventurent finalement dans un jeu d'auto-justification dangereux.

Mister Mario et Docteur Monti
Le programme du Centre ne rassure pas l'électorat populaire, première victime de la rigueur. Le manifeste de Monti, "Changer l'Italie, réformer l'Europe", vise à ramener la dette à 60% du PIB en 2015 – contre 126% actuellement. L'augmentation de la productivité dans les services publics fait craindre, par exemple, de nouvelles coupes budgétaires. A l'instar des projets de François Hollande en France, les plus hauts revenus pourraient être davantage taxés. Les moyens de relancer la croissance, en boostant la consommation et l'investissement, restent quant à eux assez flous.

Berlusconi, qui fait face au refus moral d'une certaine droite européenne à le défendre, n'a donc cesse de critiquer ceux qui comptent poursuivre l'austérité. Selon un sondage Ipsos pour Ballarò en date du 15 janvier, cette stratégie est gagnante, le Pdl étant crédité d'environ 17,4% des intentions de vote, avec 26,3% pour la coalition de centre-droit. Si un Italien sur deux se dit encore indécis, 16% des électeurs seulement soutiennent le pôle centriste. Le Pd de Pier Luigi Bersani et le centre-gauche restent en tête, avec près de 39% de sympathisants.

Afin de contrer la poussée des "berlusconistes", Monti n'a d'autres choix que d'adoucir son image de réformateur radical. Des incitations fiscales sont ainsi avancées pour encourager l'emploi des femmes, des jeunes et des séniors. Le 6 janvier sur Sky Tg24, le Président du Conseil a même annoncé vouloir modifier le calcul de la taxe immobilière Imu, dénoncé pour son manque de progressivité. S'il remporte les élections, le Centre envisage également de baisser l'impôt sur le revenu et de geler la hausse de la TVA. En pleine campagne électorale, promesses, mea culpa et démagogie ne font qu'un mais rien ne dit que l'électeur se laissera tenter.

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