Le 30 août dernier, Federica Mogherini a été nommée chef de la diplomatie européenne. La jeune et ambitieuse ministre italienne des Affaires étrangères doit sa nomination à son leader Matteo Renzi. Depuis, elle a déjà du affronter ceux qui la disent pro-russe ou inexpérimentée. Mais son entrée dans la cour européenne marque une victoire politique pour l’Italie et son jeune Premier ministre.
Renzi replace l’Italie au centre de l’Europe
Personne ne l’attendait à ce poste. Et pour cause, en dehors du champ italien, elle est quasi inconnue. Federica Mogherini, actuelle ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Matteo Renzi a été nommée, le 30 août dernier, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité. Elle succède donc à l’Anglaise Catherine Ashton, en poste depuis 2009. Une fonction créée sous la houlette de cette dernière après le Traité de Lisbonne qui a redessiné la représentation européenne. L’Italienne prendra ses fonctions en novembre et assoit la figure féminine de la diplomatie du Vieux Continent.
La scène internationale a fait sa connaissance en février dernier lorsque Matteo Renzi l’a nommée ministre des Affaires étrangères. Et il faut dire que le président du Conseil y a mis de sa personne pour l’imposer à la tête de la diplomatie européenne. Au lendemain de la nomination de Federica Mogherini, la presse italienne parlait de victoire du fougueux président du Conseil, qui a su s’imposer et redonner à l’Italie une place de premier plan en Europe. L’Italie assurant, dans le même temps la présidence tournante de l’Union européenne. "Europe : premier round pour Matteo Renzi" titrait solennellement La Stampa.
Fort de son poids politique en Europe – il est l’un des rares dirigeants de gauche soutenu par son peuple – Matteo Renzi a pourtant lutté pour que Federica Mogherini soit acceptée. C’était sans compter sans sa ténacité. Mais sa nomination a été rendue possible grâce au soutien des sociaux-démocrates européens dont François Hollande fait partie. Quelques jours avant, lors d’une réunion européenne à Paris, ce dernier affirmait : "J’ai bon espoir qu’elle soit choisie".
Pro-russe et inexpérimentée ?
La nomination de Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne n’a pas été un long fleuve tranquille. La ministre italienne a du faire face à une fronde des pays de l’Est, qui la considèrent beaucoup trop partie prenante en faveur de la Russie, alors que l’Europe a entamé une guerre diplomatique contre Vladimir Poutine sur fond de combats dans l’Est de l’Ukraine. Mais la ministre italienne a su remettre de l’ordre assez vite en prenant position contre la Russie. "Le partenariat stratégique avec la Russie est terminé (…) Cela a été le choix de Moscou et c’est aussi la conséquence de ce qui se passe sur le terrain" a-t-elle affirmé fermement en supportant les sanctions économiques prises contre Moscou.
Outre sa "russophilie" supposée, Mogherini est accusée d’inexpérience par certains détracteurs. Jeune femme de 41 ans et mère de deux enfants, elle s’est défendue en déclarant qu’elle travaillait "depuis vingt ans" sur les questions internationales et européennes. Diplômée en sciences politiques de l’Université La Sapienza de Rome, elle a rédigé un mémoire sur le rapport entre la religion et la politique dans l’islam alors qu’elle effectuait un échange Erasmus à Aix-en-Provence. Elle maitrise aussi bien le français, l’anglais et l’espagnol et a fait son expérience au sein de l’appareil du Partito democratico. Elue députée en 2008, elle a été nommée ministre des Affaires étrangères par Matteo Renzi le 22 février dernier.
Mais malgré le tour de force du président du Conseil, qui souhaite redonner à l’Italie toute sa place et son pouvoir de décision en Europe, le champ d’action de Federica Mogherini risque d’être relativement faible. Une aubaine pour Paris, Berlin, et dans une moindre mesure, Londres qui souhaitent garder le leadership. Mais la jeune Italienne pourra t'elle faire que mieux par rapport à sa prédécesseur qui n’a jamais réussi, ni à s’imposer, ni à imposer son poste. Qui se souviendra de Catherine Ashton ? Probablement peu de monde. Tocca a Mogherini, qui devra s’imposer politiquement certes, mais aussi médiatiquement.
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