Même si les Italiens sont habitués aux déclarations provocatrices de Silvio Berlusconi, ce dernier a frappé un grand coup ces derniers jours. En pleine campagne pour les élections européennes, pour lesquelles il n’a pas le droit de se présenter directement, l’ex-Cavaliere enchaine meetings et plateaux télé. Et comme à son habitude, il lâche quelques bombes. Les destinataires sont multiples : de Martin Schulz à Beppe Grillo, en passant par le président de la République et la justice. Mais là, il n’y va pas de main morte. Opération de la dernière chance ou stratégie de communication ?
Berlusconi VS Schulz et les Allemands
Les écarts de langage et la provocation, Silvio Berlusconi en est maître. C’est une manière pour lui d’occuper le devant de la scène même s’il s’attire les foudres du plus grand nombre. Pourtant, l’ex-Cavaliere a encore frappé. Samedi 26 avril, alors qu’il donnait un meeting en vue des élections européennes du 25 mai prochain, il s’est enflammé lorsqu’il a voulu s’en prendre à Martin Schulz, président du Parlement européen et candidat à la présidence de la Commission européenne.
Dans un élan rhétorique, Berlusconi rappelait un épisode datant de 2003. A l’époque, il était président du Conseil et était contesté par le Parlement européen. En réponse, il avait conseillé à M. Schulz, allemand, de prendre le rôle du "kapo" dans les films sur les camps de concentration nazis. "Je ne voulais pas l’insulter, mais ça avait fait scandale, parce que pour les Allemands, les camps de concentration n’ont jamais existé" a-t-il alors lancé. Difficile de croire que ce professionnel de la politique et de la mise en scène se soit laissé dépasser par son discours. Il s’agit, sans doute pour lui de surfer sur la vague populiste et l’état d’esprit anti-allemand, ancrés en Italie à moins d’un mois des élections européennes.
Comme il devait s’en douter, ses propos ont fait scandale. Sergueï Stanichev, président du Parti Socialiste européen les a qualifiés de "méprisables" appelant le Parti populaire européen, dont Forza Italia est membre à les condamner. Mais, en Italie, on est plus habitué à ce genre de sorties de l’ex-Cavaliere. C’est avec ironie que David Sassoli, chef de la délégation du Parti démocrate au parlement européen a commenté ces propos, les mettant sur le compte "d’un taux d’alcoolémie élevé".
Berlusconi VS Grillo
Au-delà de cette énième "gaffe", Silvio Berlusconi, dont le parti Forza Italia est en déclin dans les derniers sondages pour les élections européennes, a ce besoin irrépressible de faire le buzz malgré ses 77 ans. Alors, il défile dans les talk-shows et autres programmes télé et radio et fait le show, justement. Du grand Berlusconi en somme.
Hier, mardi 29 avril, il se trouvait sur le plateau de la matinale de Canale 5, alias Mattino 5. Et il n’y est, encore une fois pas allé avec le dos de la cuillère. Au cours de l’émission, présentée par Federico Novella, il s’en est pris violemment à Beppe Grillo, leader du MoVimento 5 Stelle. "Les Italiens doivent apprendre à avoir peur. (…) Grillo me fait penser à des personnalités comme Marx et Lénine". Et d’ajouter : "Grillo est le prototype même de ses hommes, Hitler compris". L’intéressé, qui n’a pas sa langue dans sa poche appréciera.
Berlusconi VS la justice et le président de la République
Ca fait beaucoup en peu de jours. Et pourtant, ses provocations sont multiples. La veille, le 28 avril, il a joué les fanfarons en jouant l’indomptable. Condamné le 1er août 2013 pour fraude fiscale, il doit effectuer des travaux d’intérêt général à raison de quatre heures par semaine dans une fondation auprès des personnes âgées. La date du début de ces travaux doit d’ailleurs être annoncée aujourd’hui.
Dans cet aménagement de peine lié à son âge, Berlusconi doit respecter certaines règles, notamment montrer qu’il entreprend un parcours de "réinsertion sociale". Il n’en fallait pas moins pour le faire sortir de ses gongs. "Confier à des services sociaux un monsieur qui a été le plus longtemps chef du gouvernement, (…) le seul citoyen du monde à avoir présidé trois fois le G8 est une chose ridicule". Rien de moins. Au cours d’une émission télévisée, il a ajouté : "Il est ridicule de penser que l’on peut me rééduquer en me livrant à des services sociaux et à des entretiens tous les 15 jours avec des assistants sociaux".
Selon certains médias italiens, le tribunal de Milan se serait saisi de ces déclarations et pourrait lui infliger un avertissement. Il n’est donc pas exclu que Berlusconi continue ce genre de déclarations et que le tribunal décide de l’assigner à résidence.
Le soir même, dans une autre émission télévisée, Silvio Berlusconi s’en est pris au président de la République, Giorgio Napolitano, respecté par une grande majorité d’Italiens. "Il avait le devoir moral de m’accorder une grâce" a-t-il scandé. Alors qu’il venait d’être condamné définitivement en août 2013, il aurait demandé, non officiellement une grâce présidentielle, qui n’est jamais venue.
source: LePetitJournal.com