dextorsum Animateur
Messages : 4594 Date d'inscription : 29/10/2009 Age : 74 Localisation : Roma, Italia
| Sujet: ENTREPRISES PUBLIQUES – Les salaires en Italie, une question qui fâche Sam 29 Mar - 3:48 | |
| Faut-il plafonner la rémunération des dirigeants du secteur public ? Ces derniers jours, la question s’est imposée avec insistance à l’attention du gouvernement et elle pourrait rentrer dans le cadre plus vaste de réformes structurelles annoncées par Matteo Renzi "Que cela plaise ou non, le gouvernement a l’intention d’aller jusqu’au bout" : interrogé pour la énième fois sur sa volonté d’introduire le plafonnement salarial des dirigeants d’entreprises publiques, Matteo Renzi a tranché. Car depuis que Carlo Cottarelli, le commissaire extraordinaire du gouvernement pour la révision des dépenses publiques (la désormais célèbre spending review), a mis la question sur le tapis, le débat fait rage en Italie. Les talents de ces dirigeants justifient-ils réellement leurs rémunérations ? Dans un contexte économique difficile, avec un taux de chômage qui ne fait que grimper notamment chez les jeunes, et une chute libre de la consommation des ménages, la question de la rémunération des dirigeants du secteur public –souvent très élevée - ne pouvait que soulever une vague d’indignation. C’est d’ailleurs la déclaration du PDG de Trenitalia Mauro Moretti qui a mis le feu aux poudres : fort de ses plus de 850.000 euros par an, il a fait savoir qu’il était prêt à partir à l’étranger en cas de réduction de son salaire. Avant de mitiger ses propos dans les jours qui ont suivi, tout en revendiquant toutefois les bons résultats obtenus depuis qu’il est à la tête de Trenitalia. Les inégalités économiques s’accentuent La question des revenus astronomiques des top managers n’est pas nouvelle, et elle a certainement une dimension internationale puisqu’elle a éclaté au grand jour au moment de l’affaire Lehman Brothers. En Italie, le sujet est particulièrement sensible, puisque la crise de ces dernières années n’a fait que creuser les inégalités économiques : les dernières statistiques concernant les déclarations des revenus pour l’année 2012 montrent que 5% des contribuables possèdent 22,7% du total des revenus. Un coin fiscal particulièrement élevé, des salaires souvent inférieurs à la moyenne OCDE et la diffusion du travail précaire complètent le tableau. Un tableau noir, donc, qui explique pourquoi les Italiens ont les nerfs à vif quand il s’agit de parler des revenus des grands patrons et plus encore des rémunérations des dirigeants d’entreprises publiques. D’autant plus que le pavé lancé dans la mare par le commissaire Cottarelli a permis de connaître d’autres salaires en or qui dépassent largement le cas de Mauro Moretti. Au delà des cas les plus éclatants relatés par la presse, de fortes disparités existent également entre les différents domaines du secteur public, des différences qui sont souvent inexplicables et sur lesquelles il faudrait intervenir. Le plafonnement salarial des dirigeants, mission possible? Fin 2011. Arrivé depuis peu à la tête du gouvernement avec la tâche ingrate de redresser les finances d’un pays à la dérive, Mario Monti s’attaque à la question du plafonnement salarial dans le secteur public, qui ne doit pas dépasser la rémunération du président de la Cour de Cassation (environ 302.000 euros). Si cette mesure d’austérité est saluée par l’opinion publique, c’est un véritable parcours du combattant qui s’engage au Parlement : elle est à tel point amendée que, depuis son introduction, seuls deux managers ont subi une réduction de salaire parmi les 7.411 entreprises publiques italiennes. Aujourd’hui la balle passe dans le camp de Matteo Renzi. La matière est bien plus complexe que ce qu’elle paraît, la rémunération étant un élément décisif pour recruter les meilleurs managers. Mais le président du Conseil est conscient qu’aujourd’hui les Italiens ont plus que jamais besoin de quelques signes tangibles de ce changement qu'il a si souvent annoncé en utilisant le hashtag #lavoltabuona. Alors que les indicateurs de confiance sont en hausse, ce plafonnement salarial serait donc une mesure très populaire en vue des élections européennes, véritable banc d’essai des premiers mois de son gouvernement. Last but not least, intervenir sur les rémunérations excessives, et plus en général sur la réorganisation du secteur public, est un premier pas très important sur la voie des réformes structurelles sur laquelle repose la crédibilité du Premier ministre. L’Europe l’attend au tournant, il le sait très bien. Après avoir rencontré François Hollande et Angela Merkel, hier Matteo Renzi s’est entretenu avec Barak Obama, en visite officielle à Rome (photo Presidenza del Consiglio – Laboratorio fotografico Chigi). Le Président américain s’est dit impressionné par l’énergie et la vision du jeune Premier ministre. Les Italiens, quant à eux, retiennent leur souffle en espérant que ce soit vraiment #lavoltabuona (le moment ou jamais). www.lepetitjournal.com |
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