Trois jours après l’accord obtenu avec Silvio Berlusconi, Matteo Renzi présentait sa réforme électorale qu’il a nommé Italicum. Un mode de scrutin à deux tours serait alors mis en place en centrant le pouvoir dans la chambre des députés et en favorisant les grands partis. Le Sénat devrait subir une réforme profonde et devenir une chambre des régions. Une avancée historique pour l’Italie mais Italicum fait grincer des dents jusqu’au sein du Partito democratico. Gianni Cuperlo, candidat malheureux aux primaires de décembre dernier face à Matteo Renzi annonçait hier sa démission.
Un mode de scrutin à deux tours
Tout semble décidément réussir à Matteo Renzi. En l’espace de trois jours, il est parvenu à faire valider par la direction du Partito democratico (Pd) sa proposition de loi électorale négociée avec Silvio Berlusconi samedi dernier lors d’un entretien de 2 heures 30 entre les deux hommes. Un mois et demi après sa victoire haut la main aux primaires du Pd, le jeune maire de Florence jubile. "Ce n’est ni le système espagnol, ni le système allemand : appelez-le Italicum" a-t-il lancé lors de la présentation à la presse du nouveau mode de scrutin qu’il défend.
La réforme doit encore passer devant le Parlement le 25 mai prochain pour être adoptée. Exit Porcellum, bonjour Italicum. Les Italiens ont pour habitude de nommer leurs lois électorales par une expression latinisante. Porcellum ayant été jugée anticonstitutionnelle par la Cour Constitutionnelle, le temps pressait. C’est ce que s’est attelé à faire Matteo Renzi ; aller vite. Son tour de force a été salué comme une étape historique pour la Péninsule, même s’il fait grincer des dents.
Si cette nouvelle loi électorale était votée, le mode de scrutin deviendrait proportionnel et favoriserait les grands partis. Italicum redessinerait la carte électorale italienne en créant 120 circonscriptions plus petites, composées de 5 candidats maximum. Mais les sièges seraient alors attribués proportionnellement au niveau national avec une prime de majorité au premier tour. En somme, si une liste obtient au moins 35 % des suffrages, elle bénéficiera de cette prime de majorité et 53 % des sièges lui seront attribué. Si aucune liste n’atteint ce seuil des 35 % des votes au premier tour, c’est le parti qui termine en tête au second tour qui se verrait attribuer une majorité absolue de 53 % des sièges.
Si ce mode de scrutin concerne la chambre des députés, le Sénat, lui, ferait les frais d’une grande réforme et perdrait de son importance. C’est ni plus ni moins la fin du bicaméralisme défendue par Matteo Renzi. Avec l’actuelle loi électorale, les deux chambres bénéficiaient du même poids et sans majorité claire, comme c’est actuellement le cas, le risque de revivre une crise politique comme en février 2013 est grand. Si le Sénat perd de son importance au niveau national pour devenir une chambre des régions, le problème est résolu.
Grincement de dents et démission
Matteo Renzi ouvrirait-il l’Italie vers une stabilité politique ? D’après lui, il s’agit d’un "système bipolaire clair qui garantit une solide majorité aux vainqueurs des élections". Mais même s’il a négocié avec l’ennemi juré du Partito democratico, Silvio Berlusconi, le leader du centre-gauche est loin de satisfaire tout le monde. Beppe Grillo du MoVimento 5 Stelle et les petites formations politiques lèvent le poing.
Accusé aussi bien par ses adversaires politiques que par des membres de son parti d’avoir faciliter le retour sur le devant de la scène de Silvio Berlusconi, Renzi rappelle que malgré sa déchéance au Sénat et sa condamnation, le Cavaliere reste le leader à droite. "La légitimation politique de Berlusconi ne vient pas de nous mais de ses électeurs" se défend-il. Et le maire de Florence peut compter sur la direction du parti qui lui a donné son accord après un vote interne.
Pourtant, la bataille est loin d’être gagnée. Mardi 21 janvier, Gianni Cuperlo, l’un des trois candidats aux primaires du Partito Democratico du 8 décembre dernier et actuel président du parti annonçait sa démission pour "maintenir sa liberté". Même si Matteo Renzi avait alors remporté l’élection haut la main, la défection d’un membre du parti n’offre pas l’image d’unité qu’il vend depuis des mois. Le jeune leader de la gauche de 39 ans s’est pourtant empressé de réagir : "Il n’y a pas de division au Partito Democratico" lançait-il hier soir. Affaire à suivre donc.
source: Lepetitjournal.com