Bill de Blasio, né Warren Wilhelm Jr., a été élu maire de New-York le 5 novembre 2013. Il est entré en fonction le 1er janvier dernier. Fortement ancré à gauche, il prône une politique égalitaire. Marié à une afro-américaine, fier de ses racines italiennes, le nouveau maire se place à l’exact opposé du maire sortant, Michael Bloomberg.
De Blasio, un nom du sud de l’Italie
Warren Wilhelm Jr. nait à Manhattan le 8 mai 1961, d’un père allemand et d’une mère italienne. Son père, un héros de la Seconde Guerre mondiale, décroche à son retour aux Etats-Unis un diplôme d'économie à Harvard, avant de devenir analyste au ministère du commerce. Mais en cette période de guerre froide, les suspicions vont bon train. Warren Wilhelm est vite accusé de sympathie envers les régimes communistes. A la suite de ces accusations, il se met à boire. Quelques années après son divorce, il se tirera une balle dans la poitrine.
C’est dans cette situation familiale difficile que Warren Wilhelm Jr., que tout le monde appelle déjà Bill, grandit. De son père, il se rappelle "un homme qui représentait le courage en raison de ses états de service à la guerre", et cependant, tout au long de son déclin, "un modèle de ce qu'il ne fallait pas faire."
A sa majorité, sa seule hâte est de se débarrasser du patronyme paternel. Il y accole d’abord le nom de jeune fille de sa mère, avant qu’en 2001, un juge accepte de changer définitivement son état civil pour Bill de Blasio. Il reprend ainsi officiellement le nom de sa mère, et de ses grands-parents de Sant’Agata dei Goti, un village du sud de l’Italie. C'est de là qu'après son élection, le nouveau maire se soit permis un "Grazie a tutti" pour remercier ses électeurs. En effet, de Blasio parle couramment l'italien comme le montre une vidéo mise en ligne par le Corriere della Sera en novembre dernier.
Une politique ancrée à gauche, pour "rendre les clés de la ville à tous"
Bill de Blasio est membre du parti démocrate. Aux dernières élections, il est arrivé devant son rival républicain John Lotta avec près de 75% des suffrages. Sa politique est vue comme progressiste, et s’oppose donc au conservatisme dont a fait preuve Bloomberg durant ses mandats.
Le thème principal de Bill de Blasio : le conte des deux cités, comme il l’appelle lui-même. Durant les années Bloomberg, un véritable fossé s’est creusé entre les riches et les autres. Les politiques de modernisation et la sécurisation de New-York qu’il a entamées, si elles ont porté leurs fruits, ont fait augmenter les loyers, si bien que beaucoup de New-Yorkais ont aujourd’hui du mal à payer leur loyer. Aujourd’hui, le nouveau maire promet la construction de logements sociaux, l’augmentation des impôts des très riches pour créer de nouvelles crèches, et une police plus proche des minorités.
Une grande partie des New-Yorkais s’est donc sans doute retrouvée dans les paroles et les promesses du nouveau maire, mais aussi dans son couple et sa famille mixte. Sa femme Chirlane, militante homosexuelle afro-américaine, et leurs deux enfants métisses sont l’image d’une Amérique recomposée et fière de sa multi ethnicité.
S’il a mis en scène sa famille durant la campagne, et s’il s’est beaucoup adressé aux minorités ethniques, Bill de Blasio n’a pas choisi de s’adresser directement aux italo-américains. Un choix qui peut s’avérer au premier abord étonnant. Les prénoms de ses enfants, Dante et Chiara, montrent bien le choix de ne pas renier ses origines. Cet homme dont les grands parents sont originaires du sud de l’Italie, se dit par ailleurs "très fier de ses origines italiennes". Mais cette stratégie de campagne s’explique par plusieurs raisons.
Une victoire personnelle symbole d’intégration de toute une communauté
Si le nouveau maire de New-York ne s’est pas tourné vers les Italo-Américains, c’est que cette communauté, jadis très présente, est aujourd’hui parfaitement intégrée. Si dans les années 1960-70 certains présentaient New-York comme la troisième ville italienne après Rome et Milan, au vu du nombre d’Italiens présents, ce n’est plus si vrai aujourd’hui.
Little Italy, un quartier au nord de Manhattan, connus autrefois comme le grand quartier de la population italienne immigrée, est aujourd’hui un quartier principalement chinois. Il en va de même pour les autres quartiers. Les Italiens les plus connus aujourd’hui à New-York sont des créateurs de mode ou des chefs cuisinier. La majorité des migrants arrivés dans les années 60 est aujourd’hui complètement intégrée à la population américaine.
Ainsi, même si plus de trois millions de New-Yorkais ont des origines italiennes, il n’existe plus de véritable communauté italienne à proprement parler dans la Grosse Pomme. Bill De Blasio a donc préféré jouer sur l’image cosmopolite de sa famille pour que les minorités noires et hispaniques puissent s’intégrer, plutôt que sur ses origines.
source: Lepetitjournal.com