L’Italie s’est enfoncée dans une impasse au terme des législatives. Alors que la coalition centre-gauche va contrôler la Chambre des députés, aucune formation ne s’impose au Sénat. Ces élections marquent la percée du mouvement contestataire 5 Etoiles de l’humoriste Beppe Grillo.
«Le pays affronte une situation très délicate», a commenté dans la soirée Pier Luigi Bersani, leader de la gauche. Sa coalition a remporté le plus de voix dans les deux chambres du Parlement, mais elle n’obtient une majorité de sièges qu’à la Chambre des députés.
Elle rafle 29,55% des voix, contre 29,18% à la coalition de droite de Silvio Berlusconi, selon des chiffres portant sur plus de 99,9% des bureaux de vote.
Le centre-gauche dispose de 125’000 voix d’avance sur le centre- droit à la Chambre, ce qui lui permet d’obtenir la prime au gagnant qui garantit la majorité. Il obtient 340 des 630 sièges à la chambre basse au terme des législatives qui se sont déroulées dimanche et lundi.
Aucune majorité au Sénat
Au Sénat, où 158 sièges sont nécessaires pour disposer d’une majorité, les choses sont différentes. Après dépouillement de 99,9% des voix, le centre gauche est crédité de 121 sièges, les amis de Silvio Berlusconi en obtiennent 117, ceux de Beppe Grillo 54 et les centristes emmenés par Mario Monti 22 seulement.
Donc la gauche a remporté 31,6% des voix et la droite 30,71%. En clair: aucune majorité claire ne se dégage. Cela même en cas d’une hypothétique alliance entre la gauche et le centre du chef du gouvernement sortant Mario Monti.
La loi électorale en vigueur prévoit aussi une prime au vainqueur au Sénat, mais sur une base régionale. Les 315 sièges sont attribués région par région en fonction du poids démographique.
«Parlement bloqué»
Dans la mesure ou les deux chambres disposent des mêmes prérogatives, le centre-gauche aurait donc besoin du Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo ou du centre-droit de Silvio Berlusconi pour faire passer ses réformes, ce qui semble exclu.
Si aucun accord n’est conclu, de nouvelles élections pourraient avoir lieu. Le quotidien milanais «Corriere della Sera» résumait la situation sur son site avec ce titre: «Un vote choc qui nous donne un Parlement bloqué».
Déferlante du M5S
Seul vainqueur du scrutin, Beppe Grillo et son Mouvement 5 Etoiles (M5S) a su séduire en surfant sur le rejet de la classe politique, la colère contre l’austérité, la défiance à l’égard de l’Europe.
Catalyseur du malaise social dans un pays en pleine récession économique (-2,2% en 2012), il a pris des voix aussi bien à la droite qu’à la gauche. Sont programme jugé «populiste» par ses adversaires promet la fin du financement public des partis politiques, un revenu minimum à 1000 euros (1230 francs) et un référendum sur l’euro.
Selon les résultats officiels, il obtient aux alentours de 25% dans chacune des deux chambres. Le M5S est devenu ainsi la troisième force politique du pays.
Etonnant retour de Berlusconi
Ce scrutin est un camouflet pour le président du Conseil sortant, l’ancien commissaire européen Mario Monti, dont l’alliance centriste n’arrive qu’en quatrième position.
Ces législatives marquent aussi une forte déconvenue pour Pier Luigi Bersani qui devance Silvio Berlusconi de quatre points. Le chef de file du Parti démocrate a renoncé à la conférence de presse prévue dans la soirée quand l’issue du scrutin s’est dessinée clairement.
Enrico Letta, numéro deux du mouvement, et Mario Monti ont tous deux plaidé pour la formation d’une «grande coalition» afin d’éviter un retour aux urnes. La tâche pourrait bien être hors de portée.
A 76 ans, Silvio Berlusconi fait un étonnant retour, alors que ses adversaires l’avaient pratiquement enterré fin 2011 quand le «technocrate» Mario Monti l’avait remplacé au palais Chigi, siège de la présidence du Conseil. Son alliance de centre droit réunit le Peuple de la liberté (PDL), son parti, et les fédéralistes de la Ligue du Nord.
(ats/afp/reuters/Newsnet