Le décret de loi proposé par le Ministre Balduzzi a été publié le 13 septembre dans la Gazette Officielle, une semaine après avoir été approuvé au Conseil des Ministres. La réforme sanitaire couvre différents secteurs considérés comme fondamentalement problématiques par le gouvernement actuel. Le PetitJournal.com revient sur les nombreux changements qu’elle implique
Une structure médicale réglementée
La réforme devrait s’inclure dans un programme de développement économique global. Les secteurs de l’emploi, du commerce de médicaments et plus directement, l’éthique - comme la médecine préventive- sont appelés à une modification de fond. Certains éléments d’application de la réforme seront délégués aux régions.
Le système de nomination des médecins est la première structure en jeu. Il se confronte désormais à une organisation différente. Pour plus de transparence dans la répartition des emplois, l’attribution des postes devrait se faire selon un modèle méritocratique. En outre le financement des organisations sanitaires sera contrôlé par le SSN -Servizio Sanitario Nazionale- au niveau régional.
La transparence s’applique aussi à l’accès aux soins avec la traçabilité des paiements et l’égalisation des tarifs des consultations est considérée comme une priorité. De manière générale, la région est tenue d’assurer une disponibilité immédiate des médicaments et de guider les cliniciens dans leur diagnostic et le recours aux soins. Certains médecins seront disponibles 7 jours sur 7 pour assurer un service de base.
La réforme s’attaque aussi aux prescriptions. La région se doit de tester les médicaments et d’effectuer une redistribution plus rentable au sein des hôpitaux. Le budget national de la santé subit donc une réorganisation fondamentale. A son échelle, le médecin a une obligation d’information envers le patient qui devrait plus aisément trouver un médicament générique meilleur marché.
Un mode de vie globalement plus correct et plus sain
Le décret se penche par ailleurs sur les addictions en tous genres, du tabac aux jeux compulsifs ou "ludopatia". La vente de tabac aux mineurs, interdite, sera sanctionnée à hauteur de 250 à 1.000 euros.
Les salles de jeux et casino devront être situés à une distance minimale de 500 mètres par rapport aux écoles, lieux de culte et hôpitaux. Cette distance a ainsi été augmentée de 300 mètres. Une amende salée est également prévue à l’intention de ceux qui ne mentionneront pas de manière visible le risque d’addiction aux jeux. Ce dernier point concerne aussi les médias et les publicitaires.
L’information aux consommateurs s’applique également au secteur alimentaire et à l’élevage avec le renforcement des normes de contrôle.
Cette réforme, longuement discutée, tend à pallier les carences législatives concernant le secteur sanitaire italien. Si le texte a maintenant été validé, sa mise en place ne sera pas chose facile..
"Ou nous construisons un nouveau modèle de santé ou il sera en faillite", Paolo Monferino
Concrètement, les hôpitaux devront se reconvertir. Certains départements fusionneront ou disparaîtront. Selon Paolo Monferino, ministre de la Santé, qui s’exprimait sur le sujet en juillet dernier, "aujourd’hui, cette hiérarchisation n’existe pas, il y en a plus que nécessaire [des départements] dans beaucoup d’hôpitaux".
Si l’opinion gouvernementale est finalement celle d’un point de départ positif, tous s’accordent sur une nécessité d’adaptation de grande ampleur. Le problème le plus souvent soulevé est celui du déplacement de personnels qui implique la coopération décisive des acteurs médicaux et sociaux. Toutes les parties concernées par la réforme constituent actuellement la liste des points de confrontation qui sera à la base des modifications et possibles adaptations du décret. La majorité des critiques apportées par les syndicats dénoncent une réforme trop modérée notamment du point de vue de l’assistance sanitaire auprès des jeunes.
Une réforme inexistante ? Au-delà du mécontentement d’une majorité de professionnels concernés, une enquête menée par l'Ispo, sur un échantillon représentatif de 800 répondants en dit beaucoup. Peu d’Italiens (15%) sont effectivement renseignés sur le contenu de la réforme, pourtant sa réception est globalement positive. En effet, la lutte contre le tabagisme et certaines modifications du milieu médical jouissent d’une popularité particulière. Parmi ces dernières on retrouve l’implantation de cabinets médicaux ouvert 24h/24 et l’accessibilité grandissante aux médicaments génériques.
La santé est un domaine qui préoccupe toujours plus les sociétés européennes et l’Italie n’y fait pas exception.
Camille de FOUCAULD (www.lepetitjournal.com/rome) Mardi 2 octobre 2012