En Italie comme dans les autres pays occidentaux, la fabrication nationale est aujourd’hui menacée par la concurrence exacerbée des pays à faible coût de main d’œuvre. Pour autant, le « made in Italy » connait toujours autant de succès à l’international, surtout dans la filière agroalimentaire et le secteur textile où il est synonyme de qualité et de savoir faire authentique. Des compétences que l’Italie aspire à conserver et protéger avec une législation très stricte concernant l’étiquetage sur la provenance des produits

"Les usines implantées en Italie seront sauvées seulement si nous parvenons à exporter vers les Etats Unis… mais sans des coûts compétitifs, nous fermerons deux sites de production". Les propos de Sergio Marchione, PDG du groupe automobile FIAT, tenu lors d’une récente interview au Corriere della Sera sont représentatifs des difficultés que traverse aujourd’hui la fabrication italienne.

Déjà en 2011, c’était le site de Termini Imerese en Sicile qui avait dû fermer ses portes pour des raisons de coûts jugés trop élevés. Selon l’ISTAT, en près de 3 ans, le secteur de l’industrie a ainsi perdu près de 7% de ses unités de production, ce qui représente près de 350.000 emplois. Pour autant, le tableau n’est pas aussi noir qu’il n’y parait. Fort de son vaste réseau de PME, principalement implantées dans le nord du pays, la filière industrielle occupe encore une part importante dans la création de richesse du pays (aux alentours de 28% du PIB) et emploie près de 4,6 millions d’Italiens. Car si la consommation intérieure ne décolle toujours pas dans la péninsule, le "made in Italy" s’exporte quant à lui mieux que jamais en ces temps de crise.

Le "Made in Italy" ne connait pas la crise

Les derniers chiffres concernant le commerce extérieur sont très encourageants en ce début d’année pour l’Italie. Selon les dernières publications de l’ISTAT, les exportations de la péninsule ont ainsi progressé de 8,4% sur la période 2010-2011.

L’industrie du luxe, portée par des marques de renommées internationales telles que Prada, Armani ou encore Gucci, a joué un rôle prépondérant dans ces résultats positifs en exportant massivement vers les pays émergents, très friands de ce "made in Italy" qu’ils considèrent comme une valeur sure. Le secteur de l’agroalimentaire n’est également pas en reste avec ses ventes vers l’étranger qui ont bondi de 9% en 2011 pour atteindre la somme de 30 milliards d’euros. Les produits les plus plébiscités, par les consommateurs français, espagnols mais aussi de plus en plus chinois et brésiliens, sont le parmesan (+22%), le vin (+13%) ou encore l’huile d’olive (+7%).

Un vrai label "made in Italy"

Consciente de cette forte attractivité des produits de fabrication italienne sur la scène internationale, l’Italie œuvre depuis plusieurs années pour un meilleur étiquetage sur la provenance des biens afin de protéger ce savoir faire national.

Faute de législation européenne clairement établie sur le sujet, ce sont les politiques qui ont pris les devants en votant au mois d’avril 2010 la loi Reguzzoni-Versace concernant la filière textile. Celle-ci interdit ainsi à tout industriel de faire figurer la mention "made in Italy" sur les vêtements, chaussures et pièces de maroquinerie qui n’auront pas subi au moins deux étapes de transformation sur le sol italien. Par exemple, une veste conçue par un styliste italien et montée sur le territoire, mais dont le tissu provient de l’étranger ne peut recevoir l’appellation "made in Italy". Pour Alain Gerbe, PDG d’Avance diffusion, qui importe la plupart de ses tissus d’Italie, "cela revient à réaliser environ 70% de la production sur le sol national". A titre de comparaison, en France, un bien est estampillé "made in" lorsque 45 % de sa valeur ajoutée est produite sur le territoire en question.

Une législation très pointue sera aussi indispensable pour lutter contre la contrefaçon de biens italiens qui représente aujourd’hui un business très lucratif. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans un récent rapport, l’Institut national sur le commerce extérieur (ICE) estime que cette économie souterraine génère un chiffre d’affaires de 60 milliards d’euros par an juste pour le secteur de l’agroalimentaire ! Pourtant, pas besoin de sortir du territoire pour percevoir l’importance de la contrefaçon des produits italiens. Toute nouvelle loi devra ainsi être appuyée par une véritable politique de lutte contre cette falsification directement sur le terrain. L’avenir de la fabrication et du savoir-faire national en dépendra.

www.lepetitjournal.com Mardi 8 mai 2012