La Via Appia Antica est un des vestige de l’Empire romain trop souvent ignoré dans la ville éternelle. Construite il y a plus de 2 300 ans, elle dévoile une facette oubliée du génie romain de l’époque.
Elaborée au départ de Rome, elle a contribué à son expansion et à sa réussite future

La Via Appia Antica passerait presque inaperçue dans les faubourgs de la ville éternelle. Construite à partir de 312 avant J.-C.sur ordre du censeur Appius Claudius Caecus elle devait permettre à la ville d’optimiser son ravitaillement.
Au départ, le projet prévoyait de construire la voie à partir des Thermes de Caracalla mais l’expansion rapide de la ville repousse les travaux jusqu’à la Porte St-Sébastien, au sud-est de Rome. Deux ans après le début de sa construction, la voie reliait déjà Rome à Capua (provincia di Caserta in Campania).
Elle est ensuite prolongée jusqu’au port de Brindisi dans les Pouilles pour créer un accès direct à la Méditerranée, et ceci sur une longueur totale de six cents kilomètres.

Malheureusement, l’artère romaine va tomber en désuétude après la chute de l’Empire romain d’Occident en 476. Les nombreux pillards et truands y faisaient régner une telle insécurité que le transport de marchandises était périlleux.
Ce n’est qu’au XVIème siècle que le Pape Pie VI décide sa restauration en hommage aux premiers chrétiens enterrés le long de l’ancienne voie.
C’est à la même époque que les travaux de la Via Appia Nuova débutent. Cette dernière remplacera l’ancienne Via Appia et reliera San Giovanni in Laterano à Brindisi .

La Via Appia Antica est l’œuvre des légionnaires romains qui construisaient les axes lorsque l’Empire n’était pas en guerre. Et oui cela arrivait !!!!!
Elle mesure exactement 4,10 mètres de large sur toute sa longueur, ce qui démontre l’organisation et la précision d’orfèvre des Romains.
Elle est constituée de grandes dalles de basaltes, une roche volcanique récupérée surement près du Vésuve à Naples.
Pour permettre aux voyageurs de se déplacer seuls (fallait pas mal de courage) et à pieds elle était bordée de chemins de terre. La voie est légèrement convexe pour permettre l’écoulement de l’eau dans les fossés par temps de pluie.
Aujourd'hui encore il est possible de marcher ou de rouler sur cette route romaine....c'est tout sauf confortable !!!!!

Cette route a permis à Rome d’étendre son autorité à tout le sud de l’Italie, de prélever des taxes aux paysans qui habitaient le long de l’axe et surtout permettre le ravitaillement de Rome toujours plus grande.
Le port de Brindisi sur l'Adriatique était aussi un point stratégique qui permettait de lancer des offensives rapides vers l’Orient et la Grèce.
La rentabilité du service de poste s’est améliorée puisque qu’un courrier mettait environ 14 jours à parcourir le trajet Rome-Brindisi. C’est donc toute l’administration et le prélèvement des taxes qui ont été optimisés grâce à cet axe.
C'est sur cette voie qu'apparurent les premières bornes milliaires car les distances étaient mesurées en milles romains, soit environ 1 460 mètres.

Au temps des empereurs romains, il était interdit d’enterrer les morts dans la ville. La voie servait donc de cimetière et on y trouve encore de nombreux mausolées et catacombes. Parmi-eux, on peut citer les catacombes de St-Calixte, pour les premiers chrétiens et les premiers papes, ou le tombeau de Cécilia Métella, fille de Crassus qui régnait dans le fameux triumvir aux côtés de César et de Pompée. En parcourant à peine une dizaine de kilomètres, vous pourrez aussi admirer les vestiges d’aqueducs et d’anciennes villas au milieu d’un environnement verdoyant et calme.

Surnommée la "reine des voies" (Regina Viarum) par les Romains c’est sur ses pavés que le Christ serait apparu à Saint-Pierre alors qu’il fuyait la répression de Néron, lui conseillant de faire marche arrière et d’affronter la crucifixion avec courage.
C’est ici encore que 6.000 esclaves furent décapités par l’Empereur Crassus lors de la bataille des esclaves menés par Spartacus entre 73 et 71 avant J.-C.

De nombreux tronçons de la voie originale ont été préservés jusqu’à nos jours et certains d'entre eux qui ont été modernisés sont encore ouverts au trafic automobile.....