Est-ce en raison des conditions météorologiques ? Une fois n’est pas coutume, l’actualité italienne a été assez riche cet été. Petit rattrapage pour ceux qui sont partis ou tout simplement pour ceux qui n’ont pas suivi l’actualité estivale dans la Péninsule.
L’été a été dominé par les nouvelles internationales dramatiques : les tensions en Ukraine, cinquante jours de guerre à Gaza, l’instauration de l’Etat islamique en Syrie et en Iraq où les déplacement forcés de populations, notamment chrétiennes, ont entraîné une catastrophe humanitaire sans précédent. A ces tragédies plus ou moins lointaines s’est ajoutée celle, toute proche, des immigrés clandestins débarquant en Sicile, avec son lot de naufrages et de décès : selon l’Union européenne, il y a eu 1.889 décès dans le Canal de Sicile depuis le mois de janvier 2014. 1.600 d’entre eux ont eu lieu entre juin et août, une période au cours de laquelle les sauvetages d’embarcations se sont multipliés dans le cadre de Mare Nostrum, une opération humanitaire de surveillance de la Méditerranée mise en place en octobre 2013. Le gouvernement italien, qui répète depuis des années que le contrôle de l’immigration clandestine au large de ses côtes est un problème communautaire, aurait-il été entendu ? Le renforcement tant attendu de Frontex, l’agence de surveillance des frontières européennes, a été annoncé il y a quelques jours avec la création de Frontex Plus qui devrait être opérationnel dès le mois de novembre 2014. L’Italie crie victoire, mais la partie est loin d’être gagnée puisque le financement de Frontex Plus dépendra du bon vouloir des gouvernements des différents pays de l’Union.
Le dernier voyage du Costa Concordia
Le cauchemar est terminé pour les habitants du Giglio : la carcasse du Costa Concordia ne gâche plus le paysage à quelques encablures des côtes de la petite île toscane, rappelant le naufrage du 13 janvier 2012 et ses 32 morts. Avec quelques jours de retard en raison des conditions météorologiques et des derniers problèmes techniques à résoudre, malgré les craintes des associations de protection de l’environnement et en dépit des réserves exprimées par le gouvernement français, soucieux du risque de pollution, le colosse blessé a pris la direction de Gênes le 23 juillet. Le 27 juillet, il est arrivé au terme de son ultime voyage : à Voltri, sa silhouette domine à présent le port en attendant le démantèlement définitif qui devrait prendre quelques années.
Du nouveau dans les cieux italiens
En ce qui concerne l’économie, le dossier principal de cette période estivale a concerné la compagnie aérienne italienne Alitalia qui, au terme de longues et difficiles négociations, a signé le 8 août dernier un accord avec Etihad Airways. La compagnie aérienne des Emirats arabes unis contrôle désormais 49 % du capital d’Alitalia. Coup de maître, la nouvelle société Alitalia qui voit le jour n’hérite pas de la dette de l’ancienne société. Sur le plan social, l’opération ne sera pas indolore puisque l’accord prévoit un millier de licenciements (sur les 2.500 initialement prévus). L’accord entre Alitalia et Etihad Airways a d’ailleurs été accueilli par une grève sans préavis des bagagistes à l’aéroport de Rome-Fiumicino, pénalisant fortement les voyageurs en transit dans l’aéroport romain pendant une semaine. Sur le front aérien, la rentrée sera difficile : les premières lettres de licenciement sont prévues à partir du 15 septembre. Sans compter la possibilité d’une éventuelle guerre des aéroports, Etihad ayant décidé de transformer Roma-Fiumicino en un hub intercontinental : bien qu’un développement des liaisons à partir de Milan ainsi que le renforcement des activités de fret à Milan-Malpensa soient à l’ordre du jour, les responsables politiques de la Lombardie sont prêts à se battre pour que l’aéroport de Milan ne perde pas d’importance.
Matteo Renzi sur tous les fronts
La politique italienne n’est pas vraiment partie en vacances cette année. Le président du Conseil Matteo Renzi qui, lors de son arrivée au pouvoir en février dernier avait promis de réaliser une réforme tous les mois s’est heurté à mille difficultés, parfois même au sein de son propre parti. La réforme du Sénat a pourtant bien été adoptée en première lecture au Sénat le 8 août dernier, il n’en reste pas moins que cette petite révolution qui devrait mettre fin au bicamérisme parfait du système parlementaire italien est très controversée (le Sénat deviendrait une chambre non élue aux prérogatives législatives considérablement réduites). Se heurtant à des lenteurs qu’il ne peut contrôler, Matteo Renzi a donc présenté un programme à réaliser en mille jours. Qu’on se garde bien d’y voir un ralentissement de l’activité de celui qui a été comparé à un TGV : Matteo Renzi entend bien réaliser toutes les réformes promises, de la justice à la santé, de l’administration publique à l’éducation, du fisc à la culture. L’automne italien sera chaud. Mais n’en va-t-il pas ainsi chaque année ?
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