Les présidents israélien Shimon Peres et palestinien Mahmoud Abbas ont "invoqué la paix" pour le Proche-Orient profondément divisé, au cours d'une rencontre de prière historique, à l'issue de laquelle ils ont planté symboliquement avec le pape François un olivier dans les jardins du Vatican.
Cette rencontre s'est déroulée dans un climat pacifié comme le souhaitait François, qui voulait cette "pause" spirituelle afin de surmonter les impasses de la politique alors que les pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens sont au point mort.
Devant les délégations et le patriarche orthodoxe Bartholomée, MM. Peres et Abbas se sont parlé et donné l'accolade, semblant heureux de se retrouver à la résidence Sainte-Marthe où habite le pape, puis sur une pelouse entourée de haies de lauriers où avait lieu la cérémonie.
Dans un vibrant plaidoyer pour la paix, François a fait valoir qu'"il faut plus de courage pour la paix que pour la guerre".
"Du courage pour dire oui à la négociation et non aux hostilités, oui au respect des accords et non aux provocations, oui à la sincérité et non à la duplicité", a-t-il lancé.
Cela sonnait comme des allusions aux querelles empoisonnées opposant Palestiniens et Israéliens sur les colonies de peuplement, le mur de séparation ou encore le nouveau gouvernement palestinien soutenu par le mouvement radical palestinien du Hamas.
Le pape a souligné combien les habitants de la région étaient "épuisés par les conflits et désireux de parvenir à l’aube de la paix", ajoutant qu'ils "nous demandent d’abattre les murs de l’inimitié et d'emprunter la voie du dialogue et de la paix".
Il a conclu en demandant qu'au Moyen-Orient "le style de notre vie devienne : shalom, paix, salam" et affirmé que le vrai mot qui compte est "frère".
Le président israélien, âgé de 90 ans, a pour sa part rappelé qu'il avait connu la Deuxième Guerre mondiale dans sa jeunesse. "C'est en notre pouvoir d'apporter la paix à nos enfants. C'est notre sainte mission de parents", a souligné le Prix Nobel de la Paix.
Alors que M. Peres s'est prononcé pour "une paix entre égaux", le président palestinien a tenu le discours le plus politique : "Seigneur, apporte une paix globale et juste pour notre pays et notre région. Nous voulons la paix pour nous et nos voisins".
M. Abbas a demandé à Dieu d'accorder au peuple palestinien "la liberté dans notre Etat souverain et indépendant". "Sauve notre sainte cité de Jérusalem", où se trouve "la troisième des mosquées saintes", a-t-il dit.
Auparavant, assis côte à côte, devant leurs délégations sur chaque côté de la pelouse, les trois personnalités avaient suivi les prières psalmodiées en hébreu par des rabbins, accompagnées par un orchestre qui jouait notamment le célèbre air juif invitant à la paix "Shalom Aleichem". Plus tard, d'autres musiciens dont une harpiste et un flûtiste ont interprété des airs orientaux.
Dans un ordre respectant la chronologie des trois monothéismes, ce fut le tour des chrétiens, en commençant par Bartholomée. Ils ont lu une prière de Saint-François d'Assise et un texte de Jean Paul II sur la repentance "pour les mots et attitudes causées par la haine, l'orgueil, le désir de dominer les autres".
Les musulmans ont prié en arabe : "Oh Seigneur, apporte la paix (...) et abolis l'injustice contre les opprimés de cette Terre", affirmait une des prières.
- 'la prière peut tout' -
Il avait été prévu que les trois religions prieraient tour à tour, sur trois thèmes choisis en commun : celui de la "création" qui les rend soeurs, celui de la "demande de pardon", et enfin celui de "l'invocation pour la paix".
Réaliste quant aux fortes tensions entre Palestiniens et Israéliens, le pape avait averti à l'avance que ce n'était nullement une "médiation", ce qui serait "une folie".
Dans un tweet samedi, le pape a précisé son vœu : "la prière peut tout. Utilisons-là pour porter la paix au Moyen-Orient et dans le monde entier".
Le Vatican avait défini la rencontre comme une "invocation pour la paix" pour éviter qu'elle ne soit assimilée à une "prière inter religieuse" posant des problèmes inextricables aux trois cultes.
Plusieurs écueils étaient à éviter. La date était complexe : ni un vendredi, jour férié musulman, ni un samedi, Shabbat pour les Juifs.
Un lieu neutre, sans symbole religieux, devait être trouvé. il fallait éviter que la prière ne soit dirigée vers l'Est, direction de La Mecque. D'où le choix des jardins.
Après une rencontre à huis clos de vingt minutes à la Casina Pie IV, toute proche, et une dernière photo de groupe, les deux présidents ont quitté séparément dans la nuit le Vatican.
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