Cleo T, jeune chanteuse française au talent étonnant, était en concert à L’Institut français Centre Saint-Louis, le 17 avril dernier dans le cadre du Festival Suona Francese. Alors qu’elle continue sa tournée en Italie pour présenter son premier album Songs of Gold & Shadow, Lepetitjournal.com l’a rencontrée. Découvrez une artiste envoutante à la poésie sans fin.
Question : Songs of Gold & Shadow est votre premier album, comment l’avez-vous construit ? Pouvez-vous nous le décrire ?
Cleo T : Ce premier album est très introspectif. C’est une traversée au cœur de la nuit, à la recherche de la lumière. J’y ai mis mes rêves, mes cauchemars, mes espérances mais aussi les instants gâchés. Une sorte de tentative d’alchimie pour transformer le tout, joie et peine, espoir et déception, en or. Le poète William Blake m’a d’ailleurs beaucoup inspiré. La façon dont il parvient à trouver la grâce infinie dans les choses les plus sombres me fascine. C’est aussi le titre de l’album, entre obscurité et lumière, un chemin pour trouver la beauté, dans tout cela.
Quelles sont vos influences, vos sources d’inspiration ?
J’écoute des choses très diverses. Moi même, j’ai une formation très éclectique car à la base je suis actrice. Mais ce qui me porte, c’est le blues. J’ai été nourrie à Elvis Presley ou encore à Nina Simone. L’univers du cabaret me parle beaucoup aussi. J’ai une approche de la musique hypersensible, j’aime la façon dont on dit les choses. Le discours d’une personne est pour moi, le plus important. Il faut que ça fasse sens.
Vous chantez en anglais, pourquoi ?
Mes racines musicales sont profondément anglophones. Mais par dessus tout, je voulais communiquer avec le plus grand monde de personnes possible et l’anglais est aujourd’hui une langue universelle. Elle a cette force de traverser les frontières. C’est à cet instant qu’on comprend la magie d’une langue. Son champ lexical donne des possibilités insensées.
Sur cet album, vous avez travaillé avec John Parrish, producteur entre autres de PJ Harvey ou encore Tracy Chapman, comment l’avez-vous rencontré ?
J’ai eu la chance de le rencontrer car on avait des amis en commun. Mais je voulais absolument travailler avec lui. Disons que je l’ai choisi en quelque sorte, il n’avait pas tellement le choix ! Je lui ai envoyé tous mes travaux, toutes mes maquettes. Alors, un jour, il m’a dit oui. Petite histoire marrante à ce sujet, il m’a annoncé quelque temps après qu’il ne pouvait plus travailler sur mon album, c’était cauchemardesque pour moi. Coup du hasard ou du destin, un soir, j’attendais sur le quai de la gare à Milan et là je tombe sur lui ! Un mois plus tard on enregistrait.
Vous avez commencé votre tournée le 9 avril en Italie. Que représente ce pays pour vous?
L’Italie, c’est chez moi. Mon grand père est originaire de Gênes. Toute mon enfance, j’ai été bercée par les comédies de Dino Risi. Je me sens porteuse de cette culture latine que j’aime. Mais c’est en voyageant que je me rends compte que l’Italie est ma maison. Ici, je me sens bien. Et étant une grande fan d’histoire de l’art, c’est dans ce pays que je puise aussi mon inspiration. Chaque année, j’y passe au moins trois mois.
Est-ce différent de jouer devant un public italien ?
En voyageant, j’ai eu affaire à toute une sociologie de public et je peux dire que le public italien est très différent. J’ai eu la chance, dans ce pays, de jouer dans des lieux improbables. Hier, par exemple, nous étions au fin fond de la Calabre, dans une salle communale, le technicien savait à peine brancher les instruments. Au premier rang, toute une rangée d’enfants, ensuite des personnes âgées et ici et là quelques jeunes éparpillés. Et bien...c’était fantastique ! Le public italien est très généreux et doté d’une grande ouverture d’esprit. En Italie, il faut donner pour que les gens écoutent et quand ils le reçoivent, ils te le rendent encore plus, j’aime ça !
Nous sommes à Rome. Que vous inspire cette ville ?
Rome, pour moi, c’est l’éternité retrouvée. Il y a de la poésie partout et un certain rapport à la décadence. Ici, on a l’impression d’être lié à de grandes choses. De pouvoir s’introduire dans quelque chose de sacré, quelque chose de magique.
source: Lepetitjournal.com