Mardi dernier se tenait à Milan la 6e conférence annuelle de présentation des investissements italiens en France, organisée par l’AFII (Agence Française des Investissements Internationaux). Avec 64 projets d’investissements en France sur 685, les investissements italiens représentent près de 10% des investissements internationaux en volume. Une tendance à l’équilibre par rapport à 2012 qui confirme l’intérêt des italiens pour le marché français. Cette année encore, plusieurs porteurs de projet ont témoigné de leur expérience française.
L’Italie a permis de créer ou de sauver 2.500 postes de travail en France en 2013
L’ambassadeur de France en Italie, Alain le Roy, s’est félicité de présenter des chiffres toujours plus importants en matière d’investissements italiens en France. Porte-parole de la diplomatie économique, il n’a pas manqué de mentionner que notre second partenaire économique qu'est l'Italie, a lui aussi lancé un programme en faveur des investissements internationaux avec "Destinazione Italia".
En 2013, l’AFII Italie a accompagné 64 des 685 projets d’investissements internationaux en France. Il y en avait 63 en 2012. Certes, il ne s’agit que d’un projet supplémentaire par rapport à 2012, mais cette stabilité montre que "la France a su restée attractive en 2013", maintenant ainsi les investissements italiens en France en troisième position, derrière les États-Unis et l’Allemagne, respectivement en baisse de 22% et de 6% par rapport à 2012.
Des chiffres qui vont à l’encontre du rapport de la Cnuced qui dénonce une diminution de 60% des investissements étrangers en France en 2013 par rapport à 2012. Mais "en intégrant les flux financiers, la Cnuced place les Iles Vierges comme première destination pour les investissements internationaux. L’AFII, elle, étudie les projets" a précisé l'ambassadeur, qui a rappelé que "la France reste la 4e place mondiale en termes de stock des investissements".
Les réformes récentes, notamment le pacte de responsabilité et de solidarité présenté le 14 janvier dernier, devrait "contribuer à renforcer l'attractivité de la France". Ce dernier prévoit une série de mesures pour mieux accueillir les entreprises étrangères, notamment "le passeport talent" pour la mise en place d'un interlocuteur unique pour les démarches à suivre lors d’une implantation en France. Par ailleurs, les entreprises qui souhaitent investir en France peuvent désormais avoir le soutien de la BPI (Banque Publique d'Investissement) a-t-il rappelé.
Profil des investissements italiens en France
1.200 entreprises, 4.400 établissement, 100.000 emplois. Telle est la cartographie de la présence italienne en France. A regarder les chiffres d’un peu plus près, on notera que les investissements italiens en France sont réalisés en 2013 de façon prédominante, comme les années précédentes, dans des secteurs traditionnels (mécanique et métallurgie) et dans les services avec une part croissante pour le secteur alimentaire. 56% des projets portés en 2013 sont des créations d’activité contre 41% en 2012. Par ailleurs, 41% des projets remplissent une fonction de production. Au niveau géographique, la Lombardie a réalisé 52% des projets d'investissement en France, occupant ainsi la première position des régions italiennes.
Avec des échanges entre la France et l’Italie évalués à 70 milliards d’euros et des succès tels que Iveco qui vient de renforcer sa présence de l’autre côté des Alpes dans son établissement de Annonay pour la construction d’autobus, ou bien encore celui de Barilla qui investit tous les ans dans l’une de ses 6 usines de production en France, l’hexagone semble en effet être une destination naturelle pour les entreprises italiennes.
Mais "les relations France-Italie sont aussi vraies dans le sens inverse" a rappelé Hervé Pottier, Directeur du bureau italien de l’AFII ; l’enseigne Roche Bobois vient d’être rachetée par un groupe italien et les thés Damman par le non moins connu groupe Illy.
Quatre entreprises italiennes témoignent de leur expérience française
Saati : Fondée en 1935, Saati est spécialisée dans la fabrication de tissu ultra technique pour la filtration, la sérigraphie et la protection, ainsi que et dans la production de produits chimiques. En France, Saati a une usine de production à Sailly, dans la Somme.
"Nous avons choisi d’investir en France, car la France est compétitive. Le coût d’un ouvrier à compétences égales, est à peu près le même en France et en Italie ; mais la France présente des avantages en termes de coûts électriques. Elle a également une politique de compétitivité sectorielle au travers des pôles de compétitivité" témoigne Antoine Mangogna, directeur de Saati s.p.a.
"Qui veux aller en France ne peut pas se tromper". Si Saati envisage de poursuivre son développement, ce ne sera manifestement ni aux États Unis, ni en Allemagne, mais en Italie ou en France, car en Italie, l’entreprise y a son siège, et que en France, elle se sent soutenue.
Best Union Company est le principal producteur de portiques d’accès et de ticketing. Il est notamment partenaire exclusif pour les portiques du Louvre.
"La France est un pays où l’équité et la justice existent encore". C’est ainsi que Luca Montebugnoli, le PDG introduit son témoignage, confrontant les pratiques de la France et de l’Italie en la matière.
Sa position de leader et ses ambitions sur le marché de la culture, du théâtre et du sport portent naturellement BUC vers la France. "Nous voulons investir en France car c'est une plateforme pour les pays francophones, mais aussi pour la Chine. De plus, le marché financier français est beaucoup plus présent pour les PME que en Italie. A titre d’exemple, nous avons rencontré 10 investisseurs français et nous avons participé aux appels d’offre pour la Cité des Sciences ou encore Versailles".
BCube est une société familiale créée dans les années 50. Au fil du temps, elle s’est spécialisée dans la logistique industrielle intégrée. Elle intervient aujourd’hui chez ses clients, de la réception des composants à la préparation des pièces pour les chaînes industrielles et offre également des prestations pour le packaging industriel. Elle réalise un chiffre d’affaires de 467 millions d’euros dont la moitié est réalisée en Italie. Avec 81 implantations dans le monde, elle emploie plus de 4.000 personnes. Elle est présente en France depuis l’année dernière.
"Nous sommes allés en France car nous y avons identifié un marché très fragmenté et donc un potentiel commercial pour notre activité" explique son directeur Gianfranco Cantarelli. Aujourd’hui BCube est présente en France au travers de AASI, une société en joint-venture avec Altead, un des 5 leaders sur le marché du montage et de la manutention industrielle. Ensemble, elles offrent des services logistiques aux entreprises, de la réception des marchandises au packaging. Le groupe dispose de 6 plateformes en France et d’une autre en Belgique pour un total de 110.000 m2, en propriété.
Polenghi est le spécialiste dans le monde du citron avec une contrôle complet de la filière. Sa production est répartie dans trois pays, dont la France, où elle fournit entre autre Auchan et Carrefour. A elle seule, l’entreprise consomme 10% de la production mondiale de citron. Elle exporte 67% de sa production dans plus de 50 pays. Polenghi réalise un chiffre d’affaires de 41.7 millions d'euros dont 18% avec la France, devant l’Italie.
"Avec notre implantation en Vendée, après Avignon, nous sommes passés à une deuxième phase de notre développement" déclare Alberto Bonini, Directeur Général. Lors de la recherche pour cette nouvelle implantation, l’entreprise a "été bien accompagnée" relate-t-il. "Nous unissons le made in Italy et le made in France pour être plus forts dans le monde". En France, témoigne-t-il, "il est possible de tester le consommateur à l’échelle réelle". La France, qui pour Polenghi constitue un rôle stratégique, a fait l’objet d’un investissement total d’environ 2.5 millions d’euros. "L’AFII nous a permis d’entrer en contact avec les représentants locaux, et on a pu visiter 14 sites avant de trouver le nôtre".
Quatre témoignages d’entrepreneurs italiens qui ont valorisé les capacités de la France en termes d’innovation et d’accompagnement. Qui a dit que la France n’était pas attractive ?
source: www.lepetitjournal.com