Le grand chef d'orchestre italien
Claudio Abbado, malade depuis longtemps, s'est éteint paisiblement lundi à Bologne à l'âge de 80 ans, entouré de sa famille, après un parcours extraordinaire qui l'a mené de la Scala de Milan à l'Opéra de Vienne.
"Claudio Abbado est mort ce matin à 08H30 (07H30 GMT) de façon sereine, entouré par sa famille", avait annoncé en matinée un bref message de ses proches qui, dans la soirée, ont fait savoir que les obsèques seraient "strictement privées".
Lundi soir, une minute de silence devait être observée à la Scala de Milan, dont il avait été directeur de 1968 à 1986, avant d'être nommé à la tête du London Symphony Orchestra, puis directeur de l'Opéra de Vienne.
Mardi et mercredi, les fans du maestro pourront venir se recueillir à la basilique Santo Stefano de Bologne, où une chapelle ardente sera mise en place. Fidèle à l'image de simplicité et de générosité que donnait le maestro, la famille a demandé aux admirateurs de ne pas envoyer de couronnes de fleurs mais de faire des dons à un service local d'oncologie pour enfants ou à une prison.
Alliant l'exigence artistique à l'élégance discrète, Abbado a bâti une discothèque riche de plusieurs centaines d'enregistrements, triomphant dans le répertoire lyrique italien comme dans la musique du XXe siècle.
Né le 26 juin 1933 à Milan dans une famille de musiciens de la bourgeoisie éclairée, Claudio Abbado entame ses études musicales (piano et direction d'orchestre) dans sa ville natale avant de parfaire sa formation de chef auprès de Hans Swarowsky à Vienne, à partir de 1957. Le début d'une longue histoire d'amour entre "la ville musique" et ce Milanais à sang froid, qui confiera se sentir "à moitié viennois".
Claudio Abbado, 80 ans, était malade depuis longtemps et ses concerts avec l'Orchestre Mozart de Bologne, qu'il dirigeait ces dernières années, avaient dû être annulés.
Le maestro, qui mariait une technique de haut vol à une profonde musicalité, avait été opéré d'un cancer à l'estomac en 2000 et ses ennuis de santé étaient de plus en plus fréquents depuis.
En 2010, trois concerts, qui auraient dû marquer son grand retour à la Scala de Milan, avaient été annulés, Claudio Abbado étant soigné en Allemagne.
Proche de la gauche italienne, le grand maestro avait été nommé en août dernier sénateur à vie par le président de la République, Giorgio Napolitano, en raison de ses mérites.
Son décès a suscité de nombreuses réactions en Italie et à l'étranger, bien au-delà des milieux musicaux.
"Le décès de Claudio Abbado est pour moi un sujet de grande émotion et de douleur", a affirmé dans un communiqué M. Napolitano. Selon le chef du gouvernement, Enrico Letta, il "a été et restera une référence pour le pays et pas seulement".
"Sa musique a toujours été synonyme de liberté, un sentiment qu'il réussissait à transmettre à tous. Cela représente la valeur universelle de la musique de Claudio Abbado qui a toujours su conjuguer la beauté sublime de l'art avec un sens très fort des droits civiques", a commenté Annamaria Cancellieri, la ministre de la Justice.
Son collègue Riccardo Muti, s'est déclaré "profondément attristé par la perte d'un grand musicien qui a marqué pendant de longues décennies l'histoire de la direction d'orchestre".
"Sa mort est pour nous tous une immense et lourde perte. Le Philharmonique de Berlin s'incline avec gratitude et amour profond devant Claudio Abbado", a souligné avec émotion un communiqué du grand orchestre allemand, dirigé par le Britannique Simon Rattle.
Le pianiste et chef d'orchestre israélo-argentin Daniel Barenboim a, lui, regretté la perte de "l'un des grands musiciens de ces cinquante dernières années et l'un des rares à avoir une relation étroite avec l'esprit de la musique".
Le Festival de Lucerne a également fait part de sa "grande tristesse" après le décès de Claudio Abbado, qui est venu très régulièrement diriger des concerts dans cette petite ville suisse, située sur les rives du lac des Quatre-Cantons.
"A partir d'aujourd'hui, l'Italie est plus pauvre", a sobrement commenté le chef d'orchestre italien Riccardo Chailly, qui sera le nouveau directeur musical de la Scala à partir de 2015.
source: LePetitJournal.com