Voilà l'histoire de la catastrophe minière du Bois du Cazier.....Le matin du 8 août 1956, la plus grande catastrophe minière de l'histoire de la Belgique allait se produire au Bois du Cazier à Marcinelle, faisant 262 morts de 12 nationalités différentes, principalement d'origine italienne (136) et belge (95) et laissant derrière eux des centaines de veuves et d'orphelins. Cette catastrophe allait faire prendre conscience des conditions de travail et de vie des mineurs, et mettre fin à l’émigration de travailleurs italiens vers la Belgique, 50 000 mineurs italiens ayant alors déjà fait le voyage jusqu'en Belgique. Une avancée sociale concernant la sécurité du travail allait également être réalisée.
L'origine du nom Bois du Cazier provient de l'union conjugale de la propriétaire du Bon Bois de Marcinelle, avec le Baron de Cazier, au 18ième siècle. Dès 1822, une mine charbonnière y était exploitée, mais ce n'est qu'en 1874 que le charbonnage prendra le nom de Bois du Cazier. Après rachat par les Charbonnages d'Amercoeur en 1899, le Cazier devint un des charbonnages les plus productifs et les plus modernes du Pays de Charleroi. Le charbonnage connu deux graves accidents : en 1930, 16 mineurs y trouvèrent la mort suite à un coup de grisou; en 1956, ce sont 262 mineurs qui ne remontèrent jamais suite à la catastrophe du Cazier. Le Bois du Cazier cessa définitivement son exploitation le 9 décembre 1967, soit après 145 années d'activité.
La matinée du 8 août 1956 était ensoleillée, une belle journée comme les autres, en ce mois d'août. Au charbonnage du Bois du Cazier, peu après 8 heures du matin, les 274 ouvriers de la pause du matin viennent de descendre dans le puits Saint-Charles pour commencer leur travail. Subitement, une épaisse fumée noire mêlant cendres et suies sort du puits, visible à des kilomètres à la ronde. Dès 8 heures 30, une radio française annonce la catastrophe, suivie rapidement des radios et télévisions belges, mais également du monde entier.
Suite à une erreur de manipulation, un incendie éclate au fond du puits et se propage dans la mine. La cage se présente à l'étage 975 et s'y arrête, alors qu'elle n'était pas destinée à cet étage. Le préposé, pensant que cette cage était pour lui, encage une berline (wagonnet de mine) remplie de charbon, aux alentours de 8 heures 10. Normalement, un wagonnet rempli en chasse un vide dans la cage du puits. Suite à une défaillance, le wagonnet rempli entre partiellement dans la cage, et le vide n'est pas entièrement chassé. Avant d'avoir pu évacuer l'une des deux berlines, la cage remonte soudainement vers la surface. L'un des deux wagonnets se heurte violemment contre une poutre; celle-ci arrache deux câbles électriques à haute tension, les câbles téléphoniques, une conduite d'huile sous pression, et les tuyaux d'air comprimé. L'arc électrique formé par les câbles à haute tension est en contact avec la conduite d'huile sectionnée, provoquant un incendie, attisé par l'air comprimé qui s'évacue suite aux dégâts occasionnés aux tuyauteries par les berlines. Le feu attaque les boiseries de la mine, et rapidement, l'incendie se propage dans les galeries. Une épaisse fumée noir s'évacue par le second puits. L'air dans la mine devient de moins en moins respirable, et le gaz de carbone envahit la mine. Les deux puits ne peuvent plus être utilisés par les secours, l'un bloqué par la cage, l'autre par la fumée de l'incendie. 274 mineurs sont à ce moment dans la mine, répartis entre les étages allant de moins 170 à moins 1035.
Vers 8 heures 25, six hommes parviennent à la surface, remontant de l'étage 1035. Un de leur collègue est resté en bas, afin de demander à la surface la remontée de la cage, qui partira sans lui.
A 9 heures 10, le second puits est en feu. Sous la chaleur, les câbles des cages se rompent, et celles-ci dévalent au fond des puits. Désormais, il n'y a plus moyen de descendre dans la mine par les puits I et II. Il ne reste que le troisième puit, en construction à l'époque. Il permettra à des sauveteurs d'atteindre avec difficulté le niveau 765, mais il n'y a plus aucune trace de vie.
A 15 heures, soit 7 heures après le début de la tragédie, les sauveteurs pénètrent dans le puits numéro I, celui où l'incendie s'était déclaré. Ils retrouvent au niveau 715 trois hommes abrités sous une berline, et trois hommes dans le bouveau de retour d'air. Ces six mineurs seront les derniers retrouvés en vie. Les recherches se poursuivront jusqu'au 22 août, où la triste et célèbre phrase tutti cadaveri sera prononcée par les sauveteurs remontant de 1035: il n'y a aucun survivant; tous ont perdu la vie dans la mine. Le Cazier aura tué 262 mineurs : 136 italiens, 95 belges, 8 polonais, 6 grecs, 5 allemands, 5 français, 3 hongrois, 1 anglais, 1 hollandais, 1 russe et 1 ukrainien. Il faudra au total quatre mois pour remonter tous les corps des victimes, qui sont enterrées autour d'un monument commémoratif au cimetière de Marcinelle, situé à proximité du charbonnage.
Cette catastrophe a modifié la condition de travail des mineurs en Belgique. Cependant, de l'autre côté de la planète, en Chine, de nombreuses mines de charbon, les plus meurtrières au monde, continuent de faire encore aujourd'hui chaque année plusieurs milliers de morts, suites à des coups de grisou, effondrements, inondations…
C'est vraiment terrible...et j'imagine bien que la BD doit être bien émouvante....