En Italie, 90% de l’énergie utilisée pour les activités domestiques et commerciales provient de l’étranger. Alors que le prix du baril du pétrole ne cesse de grimper, cette hyper-dépendance envers des importations menace la souveraineté de l’Etat italien autant qu’elle pèse sur la balance commerciale du pays. Le nucléaire banni, la seule orientation possible reste l’investissement massif dans les énergies renouvelables. Mais à quel coût ?
Une situation instable
La vague de froid qui a sévi dans l’ensemble du pays le mois dernier a mis en lumière le véritable problème que représente l’approvisionnement énergétique en Italie. Début février, l’annonce du groupe russe Gazprom d’une baisse de 10% de ses livraisons de gaz vers l’Europe obligeait ainsi les autorités italiennes à prendre des mesures d’urgence telles que l'activation de centrales électriques à huile combustible et la réduction de fourniture de gaz vers certaines entreprises afin de sécuriser l’approvisionnement domestique.
Aujourd’hui, dans un climat de crise économique conjugué à la crainte d’une hausse continue du prix de l’or noir, l’Italie doit engager une véritable politique d’indépendance énergétique si elle veut préserver sa pleine souveraineté et rétablir les comptes de son économie. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2011 le déficit commercial de l’Italie se situait à un peu moins de 30 milliards d’euros. Si on enlève les importations de gaz, pétrole et charbon du calcul, la péninsule réalise un excédent de l’ordre de 32 milliards d’euros.
Le choix des énergies renouvelables
Le projet d’un retour au nucléaire rejeté massivement par les Italiens lors d’un référendum qui s’est tenu l’été dernier (97% de non), l’Italie n’a guère d’autre choix que d’investir massivement dans les énergies renouvelables pour parvenir à l’indépendance énergétique.
A l’heure actuelle, le secteur représente déjà 1% du PIB avec un chiffre d’affaire en 2011 de 11 milliards d’euros. Si les centrales hydroélectriques restent de loin les unités de production les plus prolifiques, d’autres procédés connaissent un essor fulgurant. C'est notamment le cas du photovoltaïque, qui bénéficie du taux d’ensoleillement particulièrement élevé dans la péninsule ainsi que de nombreuses subventions de la part de l’Etat.
Les statistiques sont d’ailleurs impressionnantes : en seulement deux ans, la part du photovoltaïque dans la consommation énergétique globale a été multipliée par 11 ! En plus du gain pour l’environnement, le secteur a permis « la création à lui seul de 20.000 emplois » selon Andrea Gemme, président d’Anie Confindustria. Un exploit en ces temps de crise.
Malgré des résultats en deçà des attentes dans les filières de la bioénergie mais surtout de l’éolien, faute de soutien étatique, l’Italie devrait être en mesure de répondre aux exigences du « Paquet climat énergie » adopté par l’ensemble des membres de l’Union européenne en décembre 2008. D’après celui-ci, d’ici 2020, les énergies renouvelables devront couvrir 17% des besoins nationaux, à raison de 29% pour l’électricité, 16% pour le chauffage et 6% pour les transports. En 2010, c’était déjà le cas pour 23% de l’électricité italienne.
L’énergie verte trop chère ?
Investir dans les énergies « vertes » certes, mais à quel prix ? Aujourd’hui en Italie, des dépenses comme l’électricité ou le chauffage se facturent 25% à 30% plus cher par rapport à la moyenne européenne, et les spécialistes sur la question s’accordent unanimement sur le fait que l’importance croissante de la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique globale n’est pas étrangère à ce phénomène. Certains tablent même sur un coût pour le consommateur avoisinant les 100 milliards d’euros pour les 10 ans à venir. Un problème qui devrait toutefois prendre fin à long terme avec la multiplication de l’offre qui fera mécaniquement baisser les prix. Sans compter que ceux-ci ne sont pas fixés sur les marchés financiers internationaux, donc moins enclins à une forte volatilité comme c’est le cas pour le baril de pétrole. (cf graphique)
L’Italie a fait le choix de miser sur l’avenir et la modernité concernant sa politique énergétique. Le chemin à parcourir sera long et parsemé d’embûches dans un contexte de ralentissement économique qui ne favorise pas l’investissement à long terme. Dans ce processus le rôle des pouvoirs publics sera double : soutenir l’activité du secteur et inciter les entreprises à investir dans ces énergies renouvelables par le biais d’une politique fiscale attrayante. Quitte à réduire les recettes de l’Etat
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