Inoubliable Annie Girardot

Une histoire d'amour avec le cinéma mais aussi avec le public: Annie Girardot laissera le souvenir d'une grande actrice populaire, à la fois drôle et pleine d'émotion. La maladie l'avait déjà ravie au monde, qui aujourd'hui lui rend un vibrant hommage.

La triste nouvelle est tombée hier après-midi. La comédienne Annie Girardot s'est éteinte à l'hôpital Lariboisière, à Paris, à l'âge de 79 ans. «Elle est partie paisiblement. Maman et moi, étions à ses côtés», a annoncé sa petite-fille, Lola Vogel. «Je suis allée l'embrasser une dernière fois, dimanche soir», a aussi confié sa proche amie Line Renaud. Le départ de cette immense actrice a en effet bouleversé le cinéma français, et même au-delà, le public étant resté proche de cette comédienne attachante, bien qu'elle fût déjà hors du monde depuis plusieurs années, emportée dans les brumes de la maladie d'Alzheimer. «La disparition d'Annie Girardot est un moment douloureux pour le cinéma qui perd l'une de ses grandes étoiles, mais aussi pour le public, avec qui elle entretenait une longue et chaleureuse complicité», a ainsi résumé le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Brigitte Bardot («Je ressens un chagrin infini»), Jean Rochefort («Elle était l'amie idéale») ou Mireille Darc («Annie était une très, très grande»), les hommages n'ont cessé d'affluer, même sur le web où la nouvelle a provoqué un choc.

Trois ans au Français

La carrière d'Annie Girardot a, certes, été semée de lauriers, de bonheurs mais aussi de moments de fragilité et d'émotion. Mais cette femme a toujours conservé son statut de grande actrice populaire. Née à Paris, Annie Girardot a très tôt affirmé sa vocation. Infirmière de formation, elle suit les cours du conservatoire de Paris et emporte le premier prix de comédie. En 1954, elle intègre la Comédie Française qu'elle quittera trois ans plus tard. Elle révèle son talent dramatique dans «La machine à écrire», de Jean Cocteau, qui voit en elle le «plus beau tempérament dramatique d'après-guerre». Celle qui tournera dans plus de cent films, débute au cinéma dans «Treize à table», d'André Hunebelle, en 1955. Elle devra attendre 1960 et Visconti pour obtenir un rôle à sa mesure dans «Rocco et ses frères», avec Alain Delon. Boudée par la Nouvelle Vague, Annie Girardot joue avec les «anciens» comme Marcel Carné dans «Trois chambres à Manhattan», mais c'est Claude Lelouch, avec «Vivre pour vivre», qui la relance en 1967. Les années 70 lui offrent des rôles variés, de «Mourir d'aimer», au succès considérable, à «La zizanie» en passant par «La vieille fille», inoubliable au côté de Philippe Noiret qu'elle retrouvera dans «Tendre poulet»... Ironie de l'histoire, c'est encore Lelouch qui lui offre un rôle dans «Les Misérables» (1995), qui lui vaut un César et lui permet de sortir de sa traversée du désert.

«Pour ne rien regretter»

La comédienne a mené sa carrière comme sa vie. «Il faut faire des folies pour ne rien regretter le jour où...», disait-elle de sa voix rauque, reconnaissable entre toutes. Cette énergie la poussera vers des aventures hasardeuses, et en 1982, l'échec de sa revue au Casino de Paris la plongera dans un désarroi financier et moral, accentué par le décès d'une mère adorée et les problèmes de drogue de sa fille. En 2002, Annie Girardot recevra un nouveau César, pour son rôle dans «La pianiste» de Michael Haneke, où elle incarne la mère sadique d'Isabelle Huppert. La même année, le Molière de la meilleure comédienne lui est décerné pour «Madame Marguerite». Sa dernière apparition à l'écran remonte à 2007.

Source - Le télégramme.com

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