Les théoriciens
PAVLOV ET LES BEHAVIORISTES.Grand théoricien et expérimentateur, Pavlov, à la fin du 19ème siècle mit en avant une nouvelle forme de psychologie : le conditionnement en tant que processus automatique d’apprentissage.
Il fut rendu célèbre par ses expériences sur le processus de salivation des chiens déclenché par l’audition d’une sonnerie.
Il démontra ainsi que l’apprentissage par le conditionnement était un automatisme incontrôlé et incontrôlable par celui qui le subit. Il prouvait ainsi l’absence d’esprit critique ou décisionnel en présence des réflexes instinctifs.
Encore maintenant cette théorie est appliquée par des dresseurs voir même des éducateurs canins.
Le fait de récompenser par de la nourriture et ce de manière répétitive toutes actions commandées au chien procède des théories de Pavlov. Ce conditionnement réfute au chien la possibilité d’avoir sa propre faculté décisionnelle. Nous fabriquons de cette manière une sorte de machine fonctionnant à la friandise et dont l’obsession devient celle-ci.
L’utilisation du collier électrique est une autre forme de conditionnement, agressive celle-ci, de plus en plus utilisée. Cette technique fabrique une machine vivante dont le comportement est régi par la peur de la douleur.
Le courant béhavioriste (issu de le philosophie mécaniciste de Descarte) qui apparait au début du 20ème siècle réfute à la psychologie le droit de s’appeler science. En effet si on accepte la notion de l’inconscient , de l’esprit voir de l’âme on parle de phénomènes inobservables. Donc ce n’est pas scientifiquement prouvable.
Partant des constatations du précurseur Pavlov, les béhavioristes vont démontrer aussi que tout comportement résulte de la paire stimulis-réponses. Pour que la psychologie redevienne une science il faudrait qu’elle renonce à prendre en compte la conscience, l’inconscience, la volonté et l’instinct dans les données psychique à étudier. Ce sont eux qui étudièrent le comportement des rats dans des tunnels truqués, étudiant pendant des heures ces pauvres bêtes soumise à des tortures psychologiques permanentes, avec comme seuls objectifs : éviter la douleur et trouver à manger.
Notre concept de la psychologie aristotélicienne est donc mis à mal par cette nouvelle psychologie matérialiste ne prenant en compte que les phénomènes observables, donc les comportements.
Le rêve des béhavioristes: construire une discipline pouvant prévoir les comportements et les diriger.
Leur succès sera surtout américain, en Europe ils seront franchement combattus par les adeptes des courants traditionalistes.
Mais encore à l’heure actuelle les théories béhavioristes sont mises en application. Par exemple en publicité où le matraquage répété peut être associés aux stimulis pouvant influencer le comportement humain.
L’ AVÈNEMENT DES COMPORTEMENTALISTES ET ETHOLOGUES MODERNESNous nous devons de commencer par KONRAD LORENZ.
Né au début du 20ème siècle, il était docteur en médecine, docteur en zoologie et écologiste avant l’heure.
Darwinien et fervent défenseur de la cause animalière, il est le premier à mettre en garde l’humanité contre l’utilisation abusive des animaux, et se battra pour la protection de l’environnement naturel des animaux sauvages.
Tout le monde a en tête l’image de ce jeune scientifique escorté par des oies, c’était ses premières expériences prouvant l’absence d’automatisme dans le comportement animalier et mettant en avant la possibilité pour les animaux d’avoir leur libre arbitre dans la mesure de leur savoir atavique.C’était dans les années ‘30 et Pavlov se prenait une super claque.
Il sera le premier à mettre en avant notre principal défaut dans nos contacts avec les animaux : L’ ANTHROPOMORPHISME.
Il fut prix Nobel de médecine et de physiologie en 1973.
Il étudia particulièrement le phénomène de l’empreinte , faculté adaptative des bébés animaux de se raccrocher à une maman autre que la leur pour autant que certains critères soient respectés (cris, mouvements)
Il va, lors de ses études et expériences, mettre en avant les INVARIANTS. Ce sont entre autres les modes de communication propres à chaque espèce et constitués de codes, de messages.(Eux même constitués de mimiques faciales, de gestes, de postures, d’odeurs...)
(Remarque: c’est grâce à l’étude des invariants canins que nous communiquons si bien avec nos chiens à l’Association Tournesol)
Il étudiera aussi les codes de communication des poissons et de certains insectes.
Naturaliste, il adorait vivre au milieu de ses animaux.
Il va fonder avec N. Tinbergen une nouvelle discipline : l’ETHOLOGIE OBJECTIVISTE.
NIKOLAAS TINBERGENContemporain , collaborateur et ami de K Lorenz, il s’attachera à développer l’éthologie comparative.La deuxième guerre mondiale va les séparer politiquement et idéologiquement mais Tinbergen rendra tout de même hommage à Lorenz dans un livre intitulé: Les Buts et les Méthodes de l’Ethologie.
Ses recherches poseront une théorie en quatre points.
Quels sont les mécanismes déclencheurs et contrôleurs des comportements.
Quelle est la valeur de survie de ces comportements spécifiques.
Comment se sont mis en place les mécanismes du comportement au cours de l’évolution d’un individu. Quelle est l’importance des équivalences entre les programmes innés, les expériences et l’âge. Cette période d’études est appelée l’ontogénèse.
Comment les comportements se sont ils mis en place pendant l’évolution d’une espèce, et comment se sont ils développés parallèlement, ou pas, entre des espèces apparentées. Cette étude comparative et évolutive s’appelle la phylogénèse.
Ses études et les théories en découlant apporteront des réponses fondamentales encore utilisées actuellement. Mais ses conclusions sont actuellement controversées par des éthologues anglo-saxons.
EBERHARD TRUMLERLui aussi est contemporain des deux précédents. Il est considéré comme le meilleur disciple de K Lorenz.
Mon avis est qu’il a largement dépassé son maitre dans la compréhension du chien domestique et dans sa façon d’expliquer les interactions entre l’homme et le chien.
C’est un passionné et un grand chercheur, il va vivre avec 40 chiens et leur vie symbiotique va lui permettre de comprendre les besoins innés du chien et sa capacité à apprendre à vivre avec nous et pas seulement à nos côtés comme les autres animaux domestiques.
Il démontrera que le chien développe une série de codes réservés à ses contacts avec l’homme. Ces codes étant extrapolés de ceux propres à sa communication intra-spécifique. Il mettra en évidence que le chien possède une étonnante aptitude à déchiffrer et comprendre les expressions gestuelles de l’homme. (voilà pourquoi il nous est difficile de mentir à un chien et c’est aussi la raison pour laquelle nous avons parfois l’impression qu’il "joue avec nos pieds")
Il va aussi, par ses observations, nous alerter sur les signes évident d’involution dégénératifs des chiens de pure race. ( cela ne fera pas plaisir à tout le monde ! ). Il restera un fervent défenseur du maintien de la forme lupine de nos chiens, combattant les modes déformant les caractères comportementaux et physiques de ceux ci.
Nous respectons beaucoup E Trumler et nous nous inspirons de ses études pour travailler notre comportement envers nos amis les chiens.
Quelques livres de ce grand éthologue: "meine tiere,deine tiere"," hunde kennen und lieben", "meine wilde freunde", "der schwierige hund". Et en Français un ouvrage indispensable :LE CHIEN PRIS AU SÉRIEUX.
A l’époque Trumler et son maitre Lorenz vont se tromper sur l’origine du chien domestique. Mais il est vrai qu’il n’existait pas encore une science génétique utilisant l’analyse de l’ADN. Ils vont séparer les différentes races de chiens en les faisant descendre soit du loup, du chacal ou du coyote. On sait maintenant qu’ils descendent tous du loup.
M.W. FOXEncore un chercheur intéressant. Il va s’attacher à démontrer les similitudes de comportement entre le chien domestique et le loup. Il montrera aussi que ces similitudes se retrouvent en bien plus petit nombre si on compare le chien domestique avec le coyote ou la chacal. Avant les test ADN il sera donc un des premiers à pouvoir clairement démontrer l’origine de nos chiens.
En 1978 il observera que lorsqu’on met en présence des loups et des chiens, ceux-ci retrouvent de suite les codes de communication ancestraux et laissent tomber rapidement les habitudes créées par la domestication. N’en déplaise à certains, nos chiens sont bien des loups !
Avec son collègue E.Zimen il relèvera que sur plus de 250 comportements répertoriés, plus de 180 sont communs aux loups et aux... caniches.
à suivre... Serge.
Source Ass. Tournesol