Rome et Paris ont multiplié les rencontres ces dernières semaines. De la rencontre entre les deux ministres de l'Intérieur à la volonté affichée de François Hollande et Matteo Renzi d'assouplir la politique économique européenne jusqu'à la venue de Manuel Valls à la fête du Partito democratico, tout va dans le sens d'un nouvel axe Rome-Paris.
Afflux de migrants : Paris soutient Rome
Le 26 août dernier, Bernard Cazeneuve était à Rome pour y rencontrer son homologue italien, Angelino Alfano. Les deux ministres de l’Intérieur ont jeté les bases d’un nouveau plan sur l’immigration afin d’aider l’Italie à faire face à l’afflux de migrants clandestins toujours plus nombreux sur ses côtes.
Paris semble répondre à la demande des autorités italiennes qui exhortent l’Europe depuis des mois de l’appuyer en matière de gestion de l’immigration clandestine. Un nouveau dispositif, transmis à ses partenaires européens propose de renforcer l’opération "Hermès" de contrôle des frontières en Méditerranée. D’ici le mois de novembre, ce programme devrait remplacer "Mare Nostrum", mis en place par Rome dont le déploiement naval avait pour but de secourir les migrants en pleine mer.
La France, sous la houlette de son ministre de l’Intérieur devrait continuer son tour de l’Europe afin de mettre en place ce dispositif. Mais Bernard Cazeneuve a aussi rappelé l’importance d’un renforcement des relations avec les pays de transit comme la Tunisie ou l’Egypte. Suite à cette rencontre franco-italienne, la Commission européenne annonçait le lancement de "Frontex plus" pour la fin novembre. Une manière de montrer que l’Europe n’abandonne pas l’Italie en matière de gestion de l’immigration clandestine.
Economie : Paris et Rome contre Berlin ?
Une réunion des dirigeants sociaux-démocrates européens a été organisée à Paris le 30 août dernier à l’initiative de François Hollande avant le sommet de Bruxelles. Une manière de s’entendre avant une confrontation avec les dirigeants de droite. Bien entendu, Matteo Renzi était invité et s’est même placé en leader d’une gauche européenne en berne imposant sa ministre des Affaires étrangères, Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne.
Alors que différents sommets seront consacrés à l’emploi et la croissance dans les mois à venir, le président de la République français et le président du Conseil italien ont une nouvelle fois fait cause commune afin d’inciter Angela Merkel à revoir ses positions quant au rythme de la réduction des déficits. Opposée jusque là à tout assouplissement, la chancelière allemande pourrait lâcher du lest au vu du recul de 0,2% de son PIB.
Matteo Renzi a donc proposé d’organiser un sommet de l’Union européenne le 6 octobre prochain en Italie afin de traiter des questions de croissance et d’emploi. Une initiative soutenue par François Hollande qui souhaite également mettre en place une stratégie afin d’utiliser au mieux le plan d’investissement de 300 milliards d’euros alloué par la Commission européenne. Bras de fer France-Italie VS Allemagne garanti concernant l’échelonnement de la réduction des déficits.
Majorité parlementaire : Rome à la rescousse de Paris ?
Le Premier ministre français serait-il venu en Italie chercher un nouveau souffle alors que son gouvernement est au plus bas ? Quand la cote de confiance de François Hollande est tombée à 13 % et celle de Manuel Valls à 30%, Matteo Renzi, malgré des critiques de la part de l’aile gauche de son parti peut se targuer d’un taux de confiance de 64% en Italie.
Dimanche 7 septembre, Manuel Valls s’est présenté, décontracté, à Bologne pour la Festa dell’Unità, la fête du Partito democratico avec cinq autres leaders sociaux-démocrates européens. Et il en a appelé aux militants italiens de l’aider : "J’ai besoin de vous et de votre joie pour redonner l’espoir à la gauche française". Rien de moins ! Et le Premier ministre français, renziste de la première heure est surtout venu réaffirmer son statut d’homme de gauche mis à mal dans l’Hexagone.
Mais malgré cette solidarité de mise entre les deux chefs de gouvernements, leurs situations ne sont pas comparables. Matteo Renzi, qui essuie des critiques de toute part garde le cap et souhaite imposer ses réformes. Une stratégie payante au vu des sondages. Pour Manuel Valls, c’est plus difficile. Son gouvernement sort d’une semaine noire entre sondages au plus bas, sortie du livre-révélations de Valérie Trierweiler et démission de Thomas Thevenoud, neuf jours après sa nomination en tant que secrétariat d'état en charge des Français de l’étranger, du Commerce extérieur et de la Promotion du tourisme, sur fond de fraude fiscale.
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