Difficile de croire que le scrutin du 25 mai a un enjeu européen lorsque l’on suit la campagne en Italie. La situation dans le pays semble cristalliser toutes les énergies des différents partis politiques. Pour Matteo Renzi, c’est sa première élection depuis son arrivée à la tête du pays. Il s’agit donc d’un véritable test concernant la politique qu’il a mis en place. Face à lui, ce n’est pas Silvio Berlusconi, qui fait maintenant figure d’outsider mais Beppe Grillo et le MoVimento 5 Stelle, qui pourrait sortir vainqueur. Un duel médiatique qui ne donnera ses résultats que dimanche, au soir de l’élection.
Renzi attaque Grillo
La campagne électorale pour le scrutin européen du 25 mai ressemble désormais à un duel entre Beppe Grillo et Matteo Renzi. Et c’est essentiellement contre le MoVimento 5 Stelle et son leader que le Premier ministre sort les griffes. "Il y a une partie des forces politiques qui tend à insulter au lieu de changer l’Italie" a-t-il déclaré dimanche lors d’une interview à L’Arena, le programme de Raiuno. Et sur Grillo, il ne lâche rien. "Il me semble que Grillo vit cette expérience comme un grand spectacle. Il mise tout sur le fait que tout va mal en Italie" enchaine le leader du centre-gauche.
Matteo Renzi passe à une offensive toujours plus virulente contre Beppe Grillo et tente d’éteindre toute hypothèse de victoire du MoVimento 5 Stelle, pourtant crédité entre 25 et 30 % d’intentions de vote selon les sondages. Le Partito democratico, crédité d’à peine plus de 30 % est cependant en recul. Quant à Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, il se situe loin derrière avec à peine 20 %. Tout va donc se jouer cette dernière semaine et Matteo Renzi le sait.
Dernière polémique en date ; la guerre des chiffres qui voit les deux leaders s’affronter à coups de tweets. Le théâtre de cet affrontement 2.0 n’est autre la ville de Reggio Emilia dans laquelle le Pd organisait une manifestation samedi 17 mai alors que Beppe Grillo y avait tenu un meeting le 9 mai dernier. Alors que les militants du MoVimento 5 Stelle inondaient Twitter du hashtag #noncenessuno (il n’y a personne) lors du meeting du Partito democratico, les militants de ce dernier tweetaient quant à eux #inpiazza (sur la place). Tout commence lorsque Beppe Grillo affirme que son meeting avait rassemblé plus de monde, ce à quoi Matteo Renzi répondait sur Rai1 hier : "Ils rassemblent de moins en moins de gens et perdent des votes". Des photos de la place de la ville d’Emilie-Romagne circulaient sur les réseaux sociaux. La campagne, c’est aussi ça.
Grillo eurosceptique et anti-Renzi
Beppe Grillo, de son côté joue la carte de l’euroscepticisme et de la mauvaise gestion des dirigeants italiens. Deux thèmes sur lesquels il est sûr de se faire entendre. La semaine dernière, le scandale de corruption qui entache l’EXPO 2015 est tombé comme du pain béni en pleine campagne. "Fermons EXPO 2015, nous économiserons 4 ou 5 milliards d’euros" scandait-il sur la Piazza Duomo de Brescia lors d’un meeting de campagne.
Et tout est bon pour tirer sur son concurrent Matteo Renzi qu’il met dans le même sac que les administrateurs et les hommes politiques "pourris" qui "mentent" et "mangent sur notre dos". Concernant cette affaire, il fait d’une pierre deux coups en reprochant au président du Conseil de "ne pas vouloir perdre la face tandis que les Milanais ont déjà perdu la leur". Du grand Grillo en somme.
Mais l’ancien comique n’en oublie pas de taper sur l’Europe, alors que la campagne ne semble être devenue qu’un enjeu national. Il s’en prend à Martin Schulz, candidat pour le Parti socialiste européen à la présidence de la Commission européenne. Ce dernier, qui l’avait comparé à Staline et Chavez parce qu’il expulsait les dissidents de son parti a fait l’objet d’une remise en place à la Grillo : "Comment se permet-il ? Nous sommes 9 millions. Ecoute le vent qui arrive d’Italie, Schulz. Agrippe-toi à Merkel". Quelques attaques contre l’Europe et ceux qui la font plus tard et il retourne à ses attaques contre Matteo Renzi. La campagne se joue sur la situation en Italie et il le sait. Mais le Premier ministre, qui craint son score de dimanche ne se laisse pas faire : "C’est un bouffon et un charlatan. Il n’est pas crédible". Pourtant, près d’un Italien sur trois pourrait lui donner sa voix.
source:LePetitJournal.com