Chose promise, chose due. Matteo Renzi et son gouvernement viennent d’adopter le projet de loi visant à supprimer le Sénat sous sa forme actuelle. C’est la première grande réforme promise et mise en place par le jeune président du Conseil. Il avait annoncé sa démission si le projet était rebouté. Adoptée par les deux chambres, l’abolition de la chambre haute devrait être effective d’ici un an.
Fin du bicaméralisme
Lundi 31 mars, le gouvernement de Matteo Renzi a adopté le projet de loi qui réforme radicalement le Sénat. C’est donc la fin du bicaméralisme parfait en Italie et une probable stabilité politique. Le Sénat va sans doute se transformer en chambre des régions comme en Allemagne. Cette nouvelle chambre sera non-élue et dépourvue du droit d’approuver le budget et surtout de voter la défiance au gouvernement afin de le faire tomber.
Le jeune Premier ministre avait prévenu qu’il démissionnerait de la présidence du Conseil si son projet de limitation des prérogatives du Sénat était bloqué. Et pour cause; c’était l’élément essentiel de son programme de réformes constitutionnelles. Il avait promis cette réforme lors de sa prise de fonction le 17 février dernier. "J’ai engagé ma crédibilité dans cette réforme; si elle ne passe pas, j’en assumerai les conséquences" a-t-il déclaré. Et ce n’est pas la première fois que Matteo Renzi agite le spectre de sa démission. Le 12 mars dernier, il avait déjà brandi la même menace au moment de l’adoption d’une série de baisses d’impôts destinées à relancer l’économie de la Péninsule.
Le projet de loi constitutionnel entérine donc "la fin du bicaméralisme parfait et la réduction du nombre de parlementaires" a annoncé un communiqué du Conseil des ministres. C’est tout bonnement de l’abolition du Sénat sous sa forme actuelle dont il est question. Jusque là, chaque projet de loi devait passer devant la Chambre des députés et devant le Sénat, puis faire la navette entre les deux chambres jusqu’à adoption finale. Ironie de l’histoire : cette loi abolissant le Sénat devra faire le même chemin. Une fois adoptée, seuls les députés voteront les lois, le Sénat devenant une assemblée exclusivement consultative. Mais cela pourrait prendre encore un an.
L’Assemblée des Autonomies
Ce projet, "adopté à l’unanimité", représente "un très grand tournant pour la politique italienne" s’est félicité Matteo Renzi lors d’une conférence de presse improvisée. Déjà rempli d’ironie lorsque la chambre haute lui avait accordé sa confiance en février dernier, il avait affirmé ne pas avoir l’âge requis pour se trouver au Sénat. Le jeune président du Conseil, 39 ans, faisait allusion au fait qu’il faut avoir au moins 50 ans pour y siéger.
Hier, il donnait sa vision du Sénat : "il ne votera plus la confiance au gouvernement, ni le budget". Un changement fondamental alors que pour entrer en fonction, tout nouveau gouvernement devait obtenir la confiance des deux chambres. C’est ce qui a d’ailleurs amené le pays à vivre une crise politique majeure en février 2013 après les élections générales qui n’avaient pas dégagé de majorité claire au Parlement.
Lorsque la réforme sera entérinée, les sénateurs ne seront plus "élus directement" et, en tant que conseillers régionaux ou locaux déjà élus par ailleurs, "ne recevront pas d’indemnités" supplémentaires a déclaré Matteo Renzi. Présente à ses côtés, la ministre des Réformes, Maria Elena Boschi a précisé que le Sénat serait désormais appelé "Assemblée des Autonomies". Il comportera 148 membres dont 127 maires des grandes villes et présidents des 20 régions ainsi que de 21 personnalités nommées par le président de la République qui correspondent aux sénateurs à vie et aux anciens présidents de la République.
source: Lepetitjournal.com