Sorti en France en septembre 2011, The Father est le premier roman de Vito Bruschini. Ce thriller, salué par les critiques italiennes, nous plonge au cœur de la Mafia sicilienne. Déjà en cours d’adaptation au cinéma, une place pourrait bien l’attendre sous votre sapin
Un nouveau "Padrino" ?
"En ce temps-là, cinq familles mafieuses régnaient sur New-York. De chacune de ces cinq familles dérivaient vingt-six autres, qui régnaient chacune sur une portion bien définie du territoire".
Sicile, 1921. Le prince Ferdinando Licata dirige d’une main de fer le petit village de Salemi et ses terres environnantes. Respecté pour sa compassion envers les plus humbles, ces derniers lui donnent le nom de "u patri", le père. Mais, bientôt la montée du fascisme vient mettre un terme à l’ordre établi. Les Chemises noires investissent la région, le prince n’est plus maitre chez lui. Une seule solution s’impose: partir pour les Etats-Unis, terre de tous les espoirs. A New-York, en pleine seconde guerre mondiale, Ferdinando Licata découvre ainsi la puissance de l’Union Sicilienne, et impose petit à petit son propre pouvoir.
Au milieu de cette violence naît une histoire d’amour, celle de Saro et Mena. Lui est forcé de quitter la Sicile et de suivre le prince. Elle, telle Hélène attendant son Ulysse, lui promet l’amour éternel. Mais dans la tourmente de la guerre, leur amour résistera-t-il ?
Un thriller au cœur de l’Histoire
Le premier livre de Vito Bruschini nous plonge au cœur de l’Histoire. Dans un premier temps, celle de la Sicile des années fascistes, matérialisée par deux personnages : Iano Vassallo et Peppino Ragusa. Chef de l‘escadron fasciste de Salemi, Iano Vassallo est un personnage attiré "par le chantage et le goût du sang". "Traumatisé par le massacre de ses proches, auquel il avait assisté étant enfant, l’avènement du fascisme lui a permis d’intégrer un corps sans scrupules". Face à lui, le docteur Peppino Ragusa, victime des lois raciales anti-juives votées par le régime de Mussolini. Persécuté par les fascistes, il se retrouve dans l’interdiction d’exercer sa profession, tandis que sa femme continue d’espérer : "Peppino, nous vivions au fin fond de l’Italie, lui dit-elle avec cet accent vénitien qui avait jadis séduit son mari sicilien. Sois tranquille, personne ne viendra te chercher dans ce coin perdu".
"The Father" est aussi un témoignage du New-York des années 1940 et de la puissance de la mafia italienne aux Etats-Unis. L’auteur démontre que "Cosa Nostra" s’est infiltrée partout, de l’Economie à la politique américaine. Il prend pour exemple la famille des Genovese: "La plus grande, celle des Genovese, était si bien enracinée sur son territoire qu’elle pouvait compter sur trois cents hommes. Elle pratiquait l’extorsion, régnait sur les ports de Newark, d’Elizabeth et de Fulton, et contrôlait aussi bien les adjudications que le marché des ordures ou celui du poisson. Elle possédait aussi un réseau de salles de jeu et, de surcroît, elle gérait l’usure et le trafic de drogue. Elle était influente au sein du syndicat des maçons et des charpentiers et au sein du Jacob K.Davis Convention Center, le carrefour des intrigues politico-mafieuses."
Un roman sur la Mafia donc, sur "ses règles, ses guerres internes et ses lois impitoyables", comme le définissait l’article de Silvana Mazzocchi publié dans La Repubblica.
Un premier roman déjà en cours d’adaptation au cinéma
A la fois thriller, roman policier et ouvrage historique,The Father saura vous surprendre et vous emporter. Vito Bruschini signe en effet un livre à la fois dérangeant et passionnant. Le style est d’ailleurs parfois cru, les images explicites.
En témoigne son succès, ce premier roman est déjà en cours d’adaptation au cinéma. Le réalisateur du film, Alessandro D’Altri, déclarait en 2010:"Vito Bruschini, avec ce roman, a écrit une page extraordinaire de l’histoire de notre pays. The Father est un grand roman, une histoire captivante dont je suis tout de suite tombé amoureux, il y a plus d’un an, quand je l’ai découvert encore à l’état d’ébauche. Ainsi j’ai décidé de m’inspirer de cette histoire pour mon prochain film."
The Father saura-t-il vous attraper dans sa toile?
Victoire Maurel (www.lepetitjournal.com/rome) Mercredi 14 Décembre 2011
Le livre en français :The Father, traduit de l’italien par Thierry Maugenest, Editions Buchet-Chastel, 633 pages, 25 euros.
Le livre en italien : The Father, il padrino dei padrini, Editions Newton Compton, 480 pages, 14,90 euros.