Un artisan retrouve l'usage de sa jambe paralysée après un pèlerinage à Lourdes. Si l’Église catholique s'abstient de parler de "miracle" elle reconnait néanmoins que cette guérison inexpliquée peut être un acte divin réalisé par l'intercession de la Vierge
Lourdes compte officiellement un nouveau miraculé depuis que l’Église catholique a reconnu dimanche dernier la guérison inexpliquée d'un malade venu prier dans cette cité mariale comme pouvant être un acte divin réalisé par l'intercession de la Vierge. Désormais, Serge François n'a plus besoin de cannes pour se déplacer. Pour ce réparateur de télévision à la retraite originaire du Maine-et-Loire, la guérison inespérée est survenue le 12 avril 2002 lors d'un pèlerinage dans la célèbre cité des Hautes Pyrénées. Alors qu'il souffrait depuis des années d'une hernie discale foramiale - une hernie foraminale est une hernie discale qui atteint le foramen, et comprime la racine nerveuse à ce niveau. Le foramen est l'orifice entre deux vertèbres par lequel émerge la racine nerveuse du canal médullaire. Les hernies foraminales sont souvent très difficiles à traiter par un traitement médical bien conduit.Lorsqu'il y a atteinte motrice radiculaire, il convient de les opére - qui suite à des complications chirurgicales l'a privé de l'usage quasi-totale de sa jambe gauche, ce retraité aujourd'hui âgé de 64 ans a vu ses douleurs et son handicap disparaître très précisément au cours d'une séance de prière devant la grotte de Massabielle. Cette grotte là-même, où la Vierge serait apparue à 18 reprises à Bernadette Soubirous en 1858.
Un invalide à nouveau sur pied,
Selon son propre récit, après avoir touché l'eau de la source réputée miraculeuse, Serge François est pris d'une douleur si fulgurante qu'il croit mourir, mais au bout de quelques instants, la souffrance laisse place à une sensation de bien-être et de chaleur avant que sa jambe ne se réanime progressivement. L'année suivante, profitant d'un nouveau pèlerinage à Lourdes, M. François signale son parfait rétablissement au Bureau des constatations médicales de la cité, chargé d'enregistrer et éventuellement d'instruire les dossiers de reconnaissance de guérison miraculeuse. Commencent alors des années d'instruction qui aboutissent en décembre 2008 à une reconnaissance par le Comité médical international de Lourdes (CMIL), composé d'une vingtaine de médecins, du caractère subite, complet, sans relation avec une quelconque thérapie, et durable de la guérison de Serge François.
Toutefois pour obtenir la reconnaissance de l’Église, il restait à faire valider le critère de l'aspect "remarquable" par l'évêque du diocèse du candidat. Chose faite ce dimanche par Mgr Emmanuel Delmas, évêque d'Angers qui a indiqué dans un communiqué que "cette guérison peut être considérée comme un don personnel de Dieu pour cet homme, comme un événement de grâce, comme un signe du Christ Sauveur". Une reconnaissance qui comptait beaucoup pour Serge François qui souhaite maintenant entreprendre afin de "rendre grâce" le chemin de Compostelle dans son intégralité, soit 1.500 km de marche à pied.
Beaucoup de pèlerins, très peu de guéris
Si l’Église se garde bien de parler de "miracle", tant cette notion est pour elle à manier avec précaution, il n'en demeure pas moins que cette récente reconnaissance est extraordinaire. Sur plus de 7.000 cas de guérisons inexpliquées enregistrées à Lourdes depuis 1884, 67 seulement ont fait l'objet d'une reconnaissance officielle de la part de l’Église avant ce dernier cas. La dernière reconnaissance datait de 2005, alors que six millions de pèlerins convergent chaque année vers Lourdes, dont beaucoup dans l'espoir d'une guérison. Pour le Dr Alessandro de Franciscis, responsable du Bureau des constatations médicales de Lourdes, la cité mariale a une spécificité propre. "Lourdes n'a pas le monopole des apparitions de la Vierge ni des guérisons, mais c'est le seul lieu qui offre la vérification médicale d'un miracle supposé", indique le médecin.